Entre refus de visa, traque de l’homme d’affaires libanais… [Akoumba Diallo]
Décidément je dois reconnaître que la première semaine de ce mois de mai 2023 a été porteuse de poisse pour moi. En effet, après le refus de visa F-1 que j’ai essuyé de la part du consulat de l’ambassade des Etats-Unis à Conakry, sous un premier fameux prétexte que mon Anglais n’était pas « parfait », je devais rester sur mes gardes, étant l’objet d’une traque, ce durant 5 jours déjà, de la part de nervis à la solde d’un homme d’affaires Libanais. Bénéficiant lui-même de l’onction d’un haut responsable de l’administration publique guinéenne. Un peu plus tard dans la journée du 4 mai, j’apprendrai qu’un haut responsable de l’armée guinéenne était également à mes trousses. A cause d’une enquête non encore finalisée, portant sur une présumée transaction illicite d’armes, à partir de Conakry vers le Mali.
J’étais loin de me douter que je n’étais pas encore au bout de mes ennuis. Comme dans une loi des séries, c’est désormais en plein vol, donc en haute altitude, qu’il me fallait appeler Allah (Dieu) au secours, pour ne pas mourir d’une diarrhée provoquée de manière subite par une intoxication alimentaire.
Je n’étais pas d’ailleurs le seul à souffrir de ce qui n’avait rien du mal des airs. De nombreux passagers qui avaient pris place à bord d’un appareil de la compagnie Air Sénégal, en partance pour New York, étaient aussi en proie à des vomissements et des diarrhées.
Mais avant, dans ma débande à Conakry, j’ai dû précipiter mon retour à New-York, en empruntant un vol le 6 mai. Moyennant un peu moins de 400 dollars US, comme frais de changement de date. Puisque je devais quitter comme prévu le 25 mai.
Ce changement brusque de calendrier était dû à deux contraintes. Celle tout d’abord visant à garder le secret autour de mon voyage, histoire de semer mes poursuivants. Il y a ensuite le souci d’obtenir mon visa F- 1, dont le rendez-vous était fixé au 5 mai à 8h15.
Ayant déjà payé depuis le 14 mars les frais du I-901 application (frais de séjour à l’immigration), la moitié de mes frais d’études en langues à City college university of New-York (avec toute la documentation nécessaire). C’était là l’une des conditions indispensables à mon entrée à Columbia University of New-York avec un niveau de langue académique. J’avais produit dans la même foulée une garantie bancaire et ouvert pour moi-même un compte bancaire personnel dans les livres de la Bank of America. C’est bien de noter que je totalise depuis 2011, un minimum de 5 séjours aux USA avec un statut d’IVLP (International Visitor Leadership program).
Malgré tous ces efforts consentis, le consul m’a tendu une notification écrite, dans laquelle je lirai plus tard comme motif de refus, « vous n’avez pas démontré que vous avez les liens qui vous obligeront à retourner dans votre pays d’origine, après votre voyage aux États-Unis ».
Ce fut une véritable douche froide. D’autant que le temps pressait, et j’avais besoin de me mettre en lieu sûr. Surtout que, je soupçonnais certains de mes collaborateurs au Groupe Fréquence Médias (GFM) d’entretenir des relations étroites avec des intermédiaires du Libanais persécuteur. Qui, jusqu’à un passé récent, sans succès, me poursuivait judiciairement, parce que je défendais des intérêts américains, à la radio Fim FM (filiale de GFM) et au site web www.lepetitdepute.com qui m’emploient. Plusieurs schémas me sont apparus brusquement.
Sans que je sache vraiment comment sortir de cette impasse. Quand on sait que je ne dispose que d’un seul visa. Dont j’ignorais désormais le statut, ayant échoué au processus de changement de statut, pour le même pays, à savoir les États-Unis.
Dans un premier temps, j’ai pensé à la France, comme destination. Mais sachant que la procédure d’obtention d’un rendez-vous est longue, pour le visa, cette option fut vite écartée.
Psychologiquement perturbé, je quémandai alors une cigarette à mon voisin de table, au City Restaurant de Kaloum (Conakry), où je m’étais attablé. « Non, je ne fume pas », m’a-t-il répondu. Malgré ça, M. Bouba Sacko, c’est son nom, me trouva deux mèches de Marlboro blanc. Le compte était bon.
Je décidai alors de rentrer aux USA, même si j’avais à l’esprit que je pouvais être expulsé, une fois à l’arrivée. Ensuite, il était question pour moi de sauver les paiements déjà effectués pour la cause.
Ainsi le 6 mai, j’embarquai à bord du HC 210-Air Sénégal pour Dakar au Sénégal. Ici à l’aéroport International AST de Conakry, je me réfugiai dans la mosquée par simple peur d’être identifié par le public. C’était peine perdue.
A l’aéroport Blaise Diagne de Dakar (où, M.Matlock Bah en est témoin, pour fumer une cigarette, il faut débourser un minimum de 20 dollars US), il était 2h du matin, ce 7 mai. Aussitôt l’annonce de l’embarquement fut faite, « le vol HC 407 à destination de New-York fut annulé de facto ».
Entraînant une grogne chez les passagers. Qui furent hébergés par pays de provenance. Ceux venant de la Guinée furent alors conduits dans le modeste hôtel de Keparanga à Saly.
Avec des consignes fermes d’Air-Sénégal, transmises par le personnel de l’hôtel. Selon lesquelles en dehors du petit-déjeuner, pas de repas pour les Guinéens, qui devront payer de leurs poches.
Alors que les Ivoiriens qui disent avoir été logés au Radisson Blu, hôtel 5 étoiles de Dakar, avaient eux bénéficié de 4 repas en un jour et demi. Le comble de l’humiliation pour les Guinéens.
Nous voici maintenant le 8 mai, à bord du HC 407-Air Sénégal. Prévu à 1h00 du matin, l’embarquement ne débutera qu’aux environs de 2h TU.
Et le décollage, peut-être vers 3h. J’étais très stressé avec tout ce que je vous ai décrit depuis le départ. Après environ 1h30 de vol, le premier repas fut servi. Et j’étais soulagé. Mais une heure-et -demie plus tard l’atmosphère a changé.
Un passager venait de faire une crise, considérée dans un premier temps comme une complication respiratoire. Mais l’on ne tardera pas à comprendre qu’il s’agissait de violents maux de ventre. Ses cris de douleur se sont poursuivis dans les toilettes, où il venait d’être victime d’une forte diarrhée. Ce fut ensuite une dizaine de passagers qui manifestèrent les mêmes symptômes.
Ainsi commença la bousculade devant les toilettes, qui finiront elles-mêmes par être bouchées et donc déclarées en panne.
Le personnel d’équipage était débordé, en vérité. Un des passagers a dû se soulager, me semble-t-il, dans son siège et ses voisins avaient usé de draps pour cacher « l’affaire ».
Les cris se multiplièrent alors, et l’équipage lança l’alerte suivante : « s’il y a un passager qui appartient au corps médical, il est prié de se présenter de toute urgence au personnel de l’équipage ». Il n’eut aucun candidat.
A ce stade, je commençai moi-même par étouffer. Et l’attaque ne me laissa aucune chance. Dans mon allure de fusée, vers une des toilettes déjà endommagées, une dame hésitante à franchir la porte me dit : « vous ne pouvez pas respirer dans cette toilette ». Mais je ne l’écoutai pas du tout. Je vais résister, à tout prix.
Dieu merci. A ma sortie avec l’odeur du gel, la dame qui me déconseillait, pénétra à vive allure dans les toilettes, et je ne su rien de la suite.
De mon côté, sur les conseils de mon beau-père Dr Boubacar Sadjo Diallo (Kopa), chaque fois que je voyage, c’est avec quelques produits de base. Mais cette fois-ci, je n’avais que du Cetirizine Hydrochloride (contre l’allergie) que Dr Bachir Dougoun Diallo m’avait offert.
J’avançai vers une hôtesse qui semblait connaître la gravité du moment. Je lui demandai si un médecin s’était déclaré ? Avec une tristesse visible, elle me répondit : « aucun du corps médical ne s’est présenté pour nous aider » et j’ajoutai « je voudrais de l’eau pour prendre un médicament contre l’allergie ». Et c’est avec gentillesse qu’elle m’en donna.
La situation était toujours tendue, quand j’avalais mon compris, qui n’avait me paraît-il aucun lien avec mes douleurs abdominales. Et curieusement, moins d’une heure plus tard, j’ai profondément dormi. Et c’est l’annonce de l’atterrissage qui, brusquement, me réveilla. Mettant ainsi un terme à la douceur de mon sommeil.
Cette traversée vers le pays de l’Oncle Sam, fut une véritable odyssée.
Aboubacar Akoumba Diallo (in lepetitdepute)
*Le contenu de cette tribune n’engage pas Mediaguinee
Du courage et bonne suite mon frère
toutes ces lignes pourquoi ? Iincompréhensible.