CRIEF/Aly Touré motive la non-exécution du mandat contre Damaro : » j’ai dit aux gardes : ramenez- le dans son lit et repliez »
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Instruit le 27 avril dernier par le juge Francis Kova Zoumanigui de faire amener de force, ce jeudi 04 mai 2023 devant la chambre du jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières(Crief), l’ancien président de l’assemblée nationale, Amadou Damaro Camara hospitalisé depuis plusieurs mois à l’hôpital sino-guinéen, le procureur spécial, Aly Touré n’a pas pu honorer ses engagements.
Le procureur spécial demande un délai de deux (2) semaines pour pouvoir faire exécuter le mandat d’amener décerné contre le dernier président de l’assemblée nationale sous Alpha Condé poursuivi avec Michel Kamano, ancien 1er questeur de l’assemblée nationale, Zenab Camara ancienne 2ème questeur de l’assemblée nationale et Cheng Jiin-Suey patron des tours siamoises de Kakimbo d’avoir détourné un montant de 15 milliards de francs guinéens destinés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma.
Dans sa narration, Aly Touré a tenu d’abord à rassurer la cour que le mandat d’amener décerné contre le président de la 9ème législature guinéenne sera bel et bien exécuté par son parquet. Informant que les gardes se sont effectivement rendus à l’hôpital sino-guinéen, ce matin pour chercher le prévenu, mais à l’en croire ils ont été confrontés à l’avis du médecin traitant de Damaro, qui a déclaré que son patient a une tension très élevée.
« Le président, lorsque les gardes pénitentiaires sont allés, ils ont exhibé le mandat comme cela se doit dans les règles de l’exécution des mandats. Les médecins ont laissé libre cours à l’effet d’extraire Monsieur Amadou Damaro Camara et le mettre dans le pick-up pour l’envoyer devant votre cour. Sauf que le médecin traitant a attiré l’attention des gardes pénitentiaires sur l’état pathologique de Monsieur Damaro. Il leur a dit: le mandat, c’est une décision de justice qui s’exécute mais nous avons l’obligation de vous donner les paramètres vitaux du patient que nous avons ici. Quand les gardes pénitentiaires m’ont remonté l’information, c’est alors que le médecin m’a tenu ce langage. Il m’a dit le patient à une glycémie. Le patient a une glycémie actuelle de deux grammes. Je lui ai dit la normale c’est combien, il m’a dit c’est aux alentours de 1, 1; 1,2 gramme. Il dit que la tension est très élevée et elle serait à 15-9. Alors que la normale avoisinerait les 12-8. Il a ajouté également que la saturation en oxygène était de 86 alors que dans les conditions normales la saturation en oxygène pour un patient normal devait être au-dessus de 95%. Il dit voyant tous ces paramètres, lorsqu’il y a des conséquences, on ne pourra en être responsable. C’est alors que j’ai dit aux gardes : ramenez- le dans son lit et repliez.
J’ai tenu à demander au médecin traitant qu’est-ce qu’il fallait pour lui en ce moment, il m’a dit qu’il faut un repos d’au moins deux semaines et je vous garantis que dans 10 jours, il pourra être disponible. C’est pourquoi nous suggérons de nous donner l’opportunité d’exécuter votre décision, en vous demandant de nous donner un délai raisonnable pour que celui qui fait l’objet de ce mandat soit apte à être conduit devant vous. L’inexécution de ce mandat n’est nullement due à un manque de volonté de notre part mais on a été confronté à l’avis des médecins c’est pourquoi nous vous avons saisi », a confié Aly Touré à la cour.
Cette doléance du parquet spécial a été acceptée par le juge Francis Kova Zoumanigui, qui a rappelé que le mandat reste maintenu.
« La cour est très sereine, nous contribuons à la manifestation de la vérité. Personne n’est coupable désigné. Quand la cour écrit à un prévenu suite doit être donnée à ses écrits. La cour n’a aucun rapport pour savoir ce qu’il en est. Donc, le mandat est maintenu, c’est une décision sauf qu’il faut toujours humaniser la démarche. Il faut tenir compte de son état et l’État est invité à prendre ses responsabilités pour soigner et veiller à l’état de santé du prevenu afin qu’il comparaisse ici serein et que l’on puisse avoir plus de lisibilité dans nos démarches parce qu’on veut voir clair dans ce dossier », a dit le juge Kova Zoumanigui.
Au moment où nous mettions cet article, c’est Michel Kamano qui était à la barre pour répondre aux questions des parties.
Elisa Camara
+224654957322