Jamais le démarrage du championnat n’avait fait autant d’échos dans le milieu du foot en Guinée. Alors que la date du 28 octobre 2022 a été annoncée par le comité provisoire installé à la tête de la ligue guinéenne de football professionnel, un groupe d’acteurs composé de 6 clubs de Ligue 1 et de 12 clubs de Ligue 2 entend boycotter cette décision au point d’ouvrir un front contre l’instance de gestion du football (la FEGUIFOOT dirigée par le CONOR).
Le 12 octobre dernier, le comité provisoire de la LGFP annonçait enfin au public sportif la date de démarrage du championnat national de football, Ligue 1 pour le compte de la saison 2022-2023. Pendant que Lucien Guilao et son équipe affutent les armes pour réussir cette entrée dans la nouvelle saison, 18 clubs notamment, le Horoya, le CIK, le Milo et Wakriya n’entendent pas s’aligner derrière cette décision et profèrent des menaces de boycott. « C’est avec regret que nous constatons ce qui se passe actuellement. On ne peut pas organiser un championnat sans informer les clubs. A date, aucune combinaison n’est disponible et on annonce la reprise. C’est un manque de professionnalisme et on a décidé de ne pas participer au championnat organisé par une équipe qu’on ne reconnaît pas », a déclaré le président du Wakriya AC, Dr Mikaïlou Sampou, en conférence de presse.
Pour rappel, ce groupe dont un des membres (Mathurin Bangoura) dirigeait l’ancien bureau exécutif de la LGFP, avait été révoqué à la suite d’une décision de Mariame Diallo Sy, présidente du Comité de Normalisation de la FGF en août dernier. Le CONOR avait motivé son acte par la mauvaise collaboration du bureau de la ligue qui n’avait jusqu’alors donné aucune suite favorable aux multiples demandes de rencontre de l’équipe de Madame Sy.
Près de deux mois après, rien ne semble bouger entre les deux entités. Au contraire, les positions se sont davantage radicalisées à l’heure du lancement de la nouvelle saison sportive de football. Mais à qui reviendra le dernier mot ?
Le ton monte au CONOR
Face à l’obstination des clubs dissidents, la fédération guinéenne de football veut bien en imposer le respect des textes en la matière. Sa réaction ne s’est donc pas fait attendre après la menace de boycott de la bande à Mathurin qui, a d’ailleurs une action intentée auprès du TAS contre la décision de sa révocation du bureau exécutif de la LGFP. « Ils ont dit que 6 ne jouent pas. 14 moins 6, ça fait 8. Ce qui représente la majorité. Donc, le championnat sera joué. On ne va pas priver la Guinée, les joueurs de tourner le ballon, pour les humeurs des uns et des autres, parce que la tête de Paul ou de Pierre ne vous convient pas », a-t-elle martelé. Toutefois, l’ancienne ministre du Tourisme, de l’Hôtellerie et de l’Artisanat sous le Gouvernement de transition de 2010 dirigé à l’époque par feu Jean Marie Doré est bien consciente de la situation chaotique dont il faut tirer le football guinéen. Elle prévoit de mettre d’autres initiatives de main tendue vers les clubs frondeurs pour les ramener autour de la table. « Je ne cesse pas de parler de l’union sacrée. Il faut qu’on s’entende parce que la désunion ne nous sert pas. Je ferai tout ce que je peux pour les ramener à la raison et qu’on puisse jouer », a ajouté la dirigeante du CONOR.
Notons par ailleurs qu’il y a encore plus d’un an, les acteurs du football peinaient à s’entendre sur l’interprétation des statuts pour l’élection d’un nouveau bureau exécutif à la tête de la Féguifoot. Un véritable imbroglio qui a conduit à l’installation (la deuxième fois en moins de 10 ans) d’un CONOR par la FIFA pour un nettoyage des lieux dans un processus qui aboutirait à nouveau à l’élection d’un président à la tête de l’institution en charge de la gestion du football en Guinée. C’est le souhait de tous.
Par Bernard Leno