Guinée : Mamadou Pathé Dieng, proche de l’ex président Alpha Condé s’exprime sur la manif du jeudi et sur la transition en cours
Mamadou Pathé Dieng, opérateur économique, acteur du secteur de l’éducation et figure très respectée et écoutée par la jeunesse guinéenne se dit gravement préoccupé par les derniers développements de l’actualité socio-politique de notre pays en général et de la journée de manifestation d’hier jeudi 28 juillet, en particulier.
Il a géré les campagnes électorales de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020, à Ratoma et au Fouta au compte de l’ex mouvance présidentielle et s’est placé comme un acteur majeur de la gestion des crises sociopolitiques en Guinée, ces dernières années. il se dit inquiet des événements qui risquent de prendre des proportions incontrôlables.
Au cours d’une interview téléphonique, il s’est exprimé sur la manifestion du FNDC et sur le déroulement de la transition.
Une interview que nous proposons de lire.
Quel message avez-vous après les événements du jeudi 28 juillet ?
MPD: Je lance un appel urgent au calme et à la retenue. J’exhorte tous les leaders civils, politiques et militaires à clairement et ouvertement rejeter tout acte de violence ou de violation des droits de l’homme.
Au passage je salue le leadership de la CEDEAO qui joue pleinement son rôle vu les circonstances, même si ce n’est à la satisfaction de tous les acteurs.
J’exhorte les différentes parties à travailler en collaborant dans les efforts communs visant à résoudre la crise. Aux populations, à tout mettre en œuvre pour établir un environnement propice à la conduite d’une transition inclusive, paisible, afin d’aller vers des élections libres, crédibles et transparentes dès que possible.
Je profite de l’occasion pour saluer le bâtisseur, le professeur Alpha Condé, qui s’est sacrifié pour ce pays mais, qui a été mal compris et à un moment, mal entouré. Il reste mon père et je lui souhaite longue vie et santé de fer. Je remercie également le CNRD et le Président Doumbouya pour avoir respecté l’intégrité physique et morale du président Condé et de l’avoir permis de voyager pour ses soins.
Quelles sont vos impressions sur le Président de la transition, colonel Mamadi Doumbouya?
MPD: Le Colonel Doumbouya, malgré que je ne le connais pas, semble être un homme bon et juste, qui a pitié de son prochain. J’affirme ceci, après avoir vu la façon dont le président Alpha Condé a été traité ces derniers temps. C’est d’ailleurs, ce qui me pousse à intervenir sur des sujets aussi sensibles que la situation actuelle, après plusieurs mois d’absence sur la scène socio-politique pour des raisons de santé.
Que Dieu lui donne les moyens et la force de mettre notre pays sur le bon et droit chemin. Les Guinéens ont trop souffert, bien qu’ayant eu, à des moments donnés, de très bons chefs.
Quels messages avez-vous pour le Président de la transition guinéenne?
MPD: Je conseillerai au Président Doumbouya de ne pas ouvrir trop de chantiers à la fois. Le changement se fait pas à pas, surtout dans un pays comme le nôtre, où personne n’a tort et tout le monde a raison.
Néanmoins, rien n’est tard, tout peut s’arranger avec la volonté et la raison. Il faut qu’on s’accepte et qu’on se pardonne avant de se comprendre et c’est au colonel Doumbouya qui préside aujourd’hui les destinées de notre nation, de guider le peuple.
Que pensez-vous de la durée de la transition ?
MPD: Peu importe, qu’elle soit de 24 ou 36 mois, l’essentiel c’est ce qui se fera durant cette période, afin qu’elle soit la toute dernière. Si c’est pour encrer les bases d’une société guinéenne juste, épanouie et prospère, le temps importe peu. Certaines nations y ont mis des siècles. On peut le faire en quelques années si on parle le même langage.
Quel est votre mot de la fin ?
MPD: Le peuple de Guinée a toujours surmonté les grands défis. La réussite de cette transition est de loin, le plus grand de notre histoire. Que chaque partie fasse des concessions et accepte de mettre en priorité l’intérêt général, parceque le monde nous observe et nos enfants comptent sur nous pour leur construire un havre de paix et de prospérité.
Interview réalisée par Kalidou Diallo