En prélude à la journée internationale de la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines (MGF) prévue le 06 février, l’UNICEF en partenariat avec le secrétariat général des affaires religieuses organise depuis quelques semaines, des journées de débats entre les communautés et les leaders religieux sur la promotion d’abandon des MGF.
Ce vendredi, 04 février, des leaders religieux accompagnés de l’UNICEF ont échangé avec des citoyens de la commune de Ratoma sur la nécessité d’abandonner les MGF.
Le spécialiste de la protection de l’enfance au bureau d’UNICEF de Conakry en charge de la lutte contre les pratiques néfastes a justifié l’implication des leaders religieux dans la sensibilisation.
« Depuis le 24 janvier, on a commencé à sillonner les quartiers pour organiser les débats d’abord entre les religieux et ensuite entre les communautés et les religieux sur le fondement religieux ou non des MGF. Parmi les raisons que les communautés avancent pour faire la pratique, c’est de dire que c’est la religion qui le recommande. Les leaders religieux nous disent que normalement, c’est une coutume, une sunna. Dans ce cas, la pratique n’est recommandée par aucune religion. C’est dans ce sens que nous avons initié ces activités pour sensibiliser les communautés par rapport à ça », a justifié Abdoulaye Baldé avant d’ajouter : « Dans les débats, on a des pour et des contres. Et comme ce sont des normes sociales, on ne peut pas les changer du jour au lendemain. Des pratiques qui ont résisté pendant des centaines d’années, c’est petit à petit que le changement des normes va s’installer. On va commencer par une première couche et petit à petit, on va vers l’échelle. On a longtemps travaillé avec les communautés à l’intérieur du pays mais on s’est rendu compte que le problème résiste dans les zones urbaines. C’est pourquoi, on a commencé à travailler cette fois-ci à Conakry et on va l’étendre dans les capitales régionales et dans les chefs lieux des préfectures cette année », a expliqué Abdoulaye Baldé, spécialiste de la protection de l’enfance au bureau d’UNICEF de Conakry en charge de la lutte contre les pratiques néfastes.
De son côté, le directeur général adjoint du bureau de stratégie et de développement du secrétariat général des affaires religieuses, les leaders religieux a expliqué le rôle du secrétariat des affaires religieuses dans la sensibilisation.
« Nous sommes dans la commune de Ratoma pour conférer avec les communautés à la base et leurs leaders religieux musulmans et chrétiens sur la nécessité d’abandon des mutilations génitales féminines au regard des conséquences néfastes causées aux filles et femmes sur le plan sanitaire. Cette mutilation crée d’énormes problèmes aux femmes surtout dans le cadre de la santé de la reproduction. Vous avez souvent les fistules obstétricales, des infections répétées et même la stérilité. Donc, le rôle du secrétariat général des affaires religieuses est de veiller à ce que la population soit une population saine, car une population saine peut enclencher la croissance et le développement dans un pays », a souligné Aboubacar Sidiki Nabé avant de poursuivre : « Les imams ont démontré que cette pratique n’est pas d’ordre religieux parce qu’elle existe avant la religion. Les leaders religieux se sont impliqués dans la sensibilisation car, ils sont écoutés par les communautés »
Par ailleurs, Alhassane Bangoura, participant au débat estime qu’au lieu d’interdire l’excision, il faut l’améliorer à travers des appareils modernes.
« Je ne suis pas convaincu parce que d’après mes analyses, je trouve qu’au lieu d’interdire l’excision surtout en Guinée, il faut chercher à améliorer la pratique de l’excision parce que ceux qui sont à la tête de ce projet ont tous les pouvoirs de trouver des appareils, des hôpitaux pour améliorer notre tradition.
Selon plusieurs rapports sur les MGF, La Guinée occupe la 2ème place dans la pratique de l’excision. C’est pourquoi selon le spécialiste de la protection de l’enfance au bureau d’UNICEF de Conakry en charge de la lutte contre les pratiques néfastes, l’objectif final est l’élimination des MGF dans le pays pour ne pas rater les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’Agenda 2030.
Sadjo Bah