Malgré l’intensification des campagnes de sensibilisation et des informations diffusées par les médias dans le cadre de la lutte contre le covid-19, la réticence s’enracine dans l’esprit des citoyens de Faranah. Le respect des mesures barrières est foulé aux pieds. Une situation que les acteurs du monde de la santé et de la société civile de la capitale du Sankaran déplorent.
Mohamed Tènimba Oularé, président du conseil préfectoral des organisations de la société civile de Faranah, fait ce constat amer : « c’est déplorable de constater que les gestes barrières édictés par l’ANSS sont complètement boudés par la population de Faranah. Pas seulement la population mais aussi au niveau de certains cadres de l’administration centrale de Faranah et aussi de l’administration locale. Donc, il est impérieux pour nous citoyens de Faranah qu’on se retourne à ce bon geste. »
Poursuivant, le président du conseil préfectoral des organisations de la société civile donne les pistes de solutions pour arriver à bout de cette réticence de la population. « C’est de montrer le tableau de l’ANSS à la population au jour le jour, soit par les affiches ou les campagnes de sensibilisation de haut standing, les grandes campagnes de masse, ou passer par les médias, les acteurs de la société civile pour dire à la population que cette pandémie n’est pas encore partie. Les messages clés par rapport à la propagation de la pandémie doivent être diffusés à tout moment et à tout endroit. », dira-t-il.
Pour sa part, le Directeur régional de la Santé de Faranah, El hadj Fanta Mady Condé, s’est exprimé en ces termes : « on est inquiet surtout avec l’apparition de nouveaux variants virulents de covid-19, Delta et autres qui sont venus. Donc on est inquiet pour ne pas que ce cas-là vienne dans notre région. On ne cesse de leur dire que la situation est grave et que jusqu’à présent la pandémie est en train de sévir. Tout le monde doit savoir que la maladie étant là, il faut prendre des dispositions pour faire respecter les mesures barrières. Il ne faut pas délaisser. Mais jusqu’à présent, les gens ne nous prêtent pas l’oreille qu’il faut pour ça pour prendre nos interventions au sérieux. Ça, c’est une réalité. A Dabola, il y a eu une flambée de covid-19, il y en a eu à Dinguiraye et même à Faranah. On a évacué assez de cas positif et il y a eu même des cas de décès. Mais en réalité, c’est des gens qui venaient de Conakry. Par exemple, il y a eu 100 cas à Dabola, tous guéris. À Dinguiraye, il y a eu quelques cas là-bas mais sans décès. À Faranah, je crois que les deux cas évacués, il y a eu deux décès, ça c’est vrai. »
La police, elle, attend l’ordre de la hiérarchie pour s’impliquer dans la situation du respect strict des mesures barrières contre le covid-19 à Faranah, comme nous souligne Mme Delphine Douvogui, commissaire centrale de police de Faranah. « Nous n’avons pas reçu encore d’instructions ou un communiqué disant que le port de bavette est obligatoire et qu’il faut réprimer ceux qui ne portent pas. L’instruction que nous avons reçue, c’est la fermeture des bars, des motels et les lieux de loisirs. C’est pourquoi, on ne peut pas faire le contrôle. D’ailleurs, ça a été toujours difficile pour nous, parce que la population de Faranah n’a jamais accepté le port des bavettes. On interpellait les gens, nous leur faisions payer ce qui était demandé par l’autorité (les 30.000fg) mais les gens ne portaient pas. Et parfois, mes agents étaient attaqués sur le terrain. Donc de manière générale, ce n’est pas facile de faire accepter les dispositions ou les interdits à Faranah, ça nous cause beaucoup de problèmes. Mais nous attendons les instructions de l’autorité », indique-t-elle.
Lanciné Keita, correspondant à Faranah