« Le procès du décès de Mariam Kanté, à Kankan, a mis à nu l’une des défaillances de notre système de santé » (Dr Abdoulaye Kaba)
Se prononçant sur le procès des médecins inculpés dans la mort enceinte à Kankan, Dr Abdoulaye Kaba, coordinateur national de la Coalition Nationale des Professionnels de la Santé (CONAPROS), a estimé que cette situation de Kankan devrait interpeller les professionnels de la santé en ce qui concerne la mise en application des principes sacrés des règles d’éthique et de déontologique qui régissent le bon fonctionnement du système de santé guinéen. Rappelant la vocation des professionnels de la santé qui consiste à sauver des vies, le médecin rappelle qu’une telle situation met à nu les défaillances du système de santé.
« Les professionnels de la santé aussi doivent comprendre qu’être professionnel de la santé n’est pas une chose aisée, ça demande un sacrifice. Il faut non seulement sacrifier son temps mais il faut aussi sacrifier sa vie pour sauver des vies. Donc c’est encore le lieu pour rappeler que ce procès a mis à nu l’une des défaillances de notre système de santé et aussi un manque de crédibilité qu’on pourrait accorder à ce système. C’est le ministère de la Santé qui doit mettre des structures, dont la leur vocation c’est de protéger non seulement les professionnels de la santé mais aussi d’encadrer l’exercice de la pratique médicale dans notre pays. Et si ces structures-là sont défaillantes, ça peut amener à ce genre de situation. C’est pourquoi je vous assure que si le ministère de la Santé avait mis toutes les instances ordonnales, c’est-à-dire l’ordre national des biologistes, l’ordre national des sages-femmes, l’ordre national des médecins et des odonto-stomatologues. Si ces structures-là étaient opérationnelles, on pourrait éviter à 70% ce genre de procès », a-t-il estimé.
Poursuivant, Dr Abdoulaye Kaba insiste sur la moralisation de la pratique de la médecine en Guinée et appelle le ministère de la Santé à prendre des mesures protectrices à l’endroit de ces professionnels de la santé.
« Nous voulons remercier la contribution de tout un chacun, je veux parler de l’ordre national des médecins qui s’est associé avec la CONAPROS pour donner à ce procès un caractère moral. Le caractère est moral parce que non seulement on a cherché à appuyer dans le sens de la moralité ce procès mais aussi de dire aux professionnels de la santé que rien ne sera comme avant. Les gens doivent comprendre que nous sommes dans une contrainte sociale qui nous permet de bien travailler et de travailler pour la population et non pour nous-mêmes. Actuellement, il faut savoir qu’il y a des situations qui se passent à Kankan et dans les régions qui n’honorent pas les professionnels de la santé, parce que la pratique est devenue de plus en plus difficile dans ces régions-là. Parce qu’on aurait appris qu’actuellement au niveau de la population, il y a un acharnement, chose qui ne peut pas exister. Donc, il faudrait qu’on interpelle le ministère de la Santé sur ce fait. Ils doivent chercher à prendre des mesures de protection des professionnels de la santé », a-t-il sollicité.
Rappelons qu’après deux mois de détention pour le décès de Mariam Kanté , Dr Mamady Souaré médecin-chef de la maternité de l’hôpital régional de Kankan et Fodé Kaba ont finalement été relaxés pour délit non constitué. Quant à la sage-femme, Fatoumata Camara, elle a été condamnée à un an d’emprisonnement assorti de sursis et au paiement d’un million de francs guinéens à titre d’amende.
Maciré Camara