La prise régulière de la chloroquine peut-elle prévenir le coronavirus ? « C’est très toxique » (Dr Teskène)
« Mieux vaut prévenir que guérir ». C’est à partir de cet adage que de nombreux citoyens choisissent de se gaver de produits tels que la chloroquine, la nivaquine ou encore les feuilles de neem espérant ainsi se prémunir contre le Covid-19. Selon Dr Teskène Camara, il s’agit là d’un procédé dangereux qui pourrait même entraîner des problèmes cardiaques.
Dans un entretien accordé à Mediaguinee, le médecin a indiqué que la chloroquine ou nivaquine est un traitement antipaludéen qui s’est vu retiré du marché compte tenu de sa toxicité.
Si des études ont prouvé que la chloroquine pouvait aider au traitement du coronavirus, il n’en demeure pas moins que l’on devrait minimiser les risques liés à la prise de ce médicament, surtout pour un traitement sans aucune prescription médicale et sans aucun symptôme du Covid-19. Pour Dr Teskène Camara, chacun devrait être prudent face aux méfaits du produit :
« La chloroquine, c’est un produit qui a été beaucoup utilisé par le passé en tant qu’un traitement antipaludéen mais compte tenu de sa toxicité avec le temps, on a abandonné l’utilisation. Et ces derniers temps avec l’avènement de cette pandémie de coronavirus, il y a eu certaines recherches qui ont montré qu’elle peut aider dans le traitement contre ce virus-là. Mais à ce jour, aucune étude accréditée par l’OMS n’a validé un traitement officiel avec ce produit. Mais bien que ce produit n’est pas officiellement accrédité par l’OMS en tant que traitement du coronavirus, les gens se mettent à l’utiliser pêle-mêle soi-disant qu’ils font des traitements préventifs. Il faut savoir que ce produit est très toxique. D’ailleurs on utilise l’hydroxy-chloroquine qui est l’un des dérivés de la chloroquine qui, elle-même est vraiment toxique. Moi, je conseillerais à tout un chacun que vu les méfaits de la chloroquine d’être prudent et de ne pas s’acharner à utiliser la chloroquine sans prescription. Chez nous en Guinée, c’est vrai qu’on a vu à la télé avec l’ANSS qu’on a introduit le traitement à la chloroquine et dans beaucoup d’autres pays, c’est encourageant. Mais cela ne veut pas dire que les gens doivent se mettre à consommer de la chloroquine. Rien ne prouve que la chloroquine peut faire une prévention. Et j’insiste, c’est très toxique. Ça crée des problèmes cardiaques, ça crée des problèmes pour les yeux, pour l’oreille ainsi de suite. C’est pourquoi on l’a retirée sur le marché il y a un certain temps. Il y a des nouveaux produits antipaludéens qu’on utilise », prévient le médecin.
D’autres personnes se hasardent au traitement curatif avec les plantes traditionnelles telles que les feuilles de neem. Même s’il ne se dit pas spécialiste dans ce domaine, Dr Teskène recommande de ne pas utiliser du n’importe quoi dont le traitement avec de l’eau chaude :
« On pensait que ce virus-là avec un milieu chaud comme en Afrique ne va pas résister mais tel n’est pas le cas. On voit maintenant une explosion exponentielle de cette maladie un peu partout, que ce soit en Afrique du Nord, que ce soit même en Afrique de l’ouest, il y a beaucoup de cas. Donc si le virus ne résistait pas on n’allait pas connaître de tels cas. Le fait de boire de l’eau chaude, peut-être que, quand des personnes ont ces maladies pulmonaires, les grippes et autres, on leur conseille de ne pas trop boire de l’eau fraîche. C’est des idées, des conseils d’usage qu’on leur donne en matière médicale pour un peu améliorer l’état clinique de ces malades-là. Mais le fait de dire l’eau chaude peut tuer le virus non. Ce n’est pas scientifiquement démontrable, c’est pas une vérité », a-t-il ajouté.
Parlant ensuite des gestes barrières, le médecin estime que chacun devrait y participer afin de mettre fin à cette pandémie
« Il y a beaucoup de solutions. On remercie l’État qui met tout en œuvre avec les spots télévisés et autres. Chacun doit y participer pour mettre fin à cette épidémie. Ça, ça part du comportement individuel de chacun. On doit se laver régulièrement les mains. On doit éviter moins de contamination et les rassemblements surtout. Quand vous vous rassemblez, vous restez en contact avec quelqu’un qui est malade, même une simple grippe quand vous êtes avec quelqu’un qui est grippé, vous passez la journée, vous passez un petit moment vous pouvez être contaminé. Donc tel est le cas aussi pour le Corona. Donc il est important que chacun prenne ses dispositions-là de lavage des mains, d’avoir moins de contacts, de ne pas ignorer les différents conseils qu’on donne. On doit les appliquer chez soi. On doit les appliquer partout où nous allons. Pour ces personnes qui toussent, on vous a dit d’utiliser votre coude ou les mouchoirs jetables et de ne pas à chaque fois ramener la main vers la figure, les yeux, le nez et la bouche. C’est des choses qu’on fait à tout moment sans se rendre compte, donc il faut vraiment faire beaucoup attention. Actuellement même, on insiste sur les matériels qu’on utilise. Que ce soit les téléphones, que ce soit les poignets des portes, on ferme et on ouvre avec la main. Beaucoup passent par une porte, alors de façon sécuritaire, de façon hygiénique on doit pouvoir nettoyer. C’est un exemple que je donne mais ça peut être plusieurs matériels qu’on utilise les uns et les autres. Alors à chaque fois qu’on utilise quelque chose il faut se faire le devoir de l’assainir pour l’utiliser à nouveau ou avant de le passer à d’autres mains », conseille Dr Teskène Camara.
À rappeler qu’au jour d’aujourd’hui le nombre de personnes contaminées s’estime à plus de 800.000 cas à travers le monde dont plus de 20 cas en Guinée.
Maciré Camara