En prélude à la journée internationale de la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines, le Ministère de l’action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance en collaboration avec le secrétariat des affaires religieuses et l’UNICEF a organisé ce mardi, 4 février dans la salle du 28 septembre du palais du peuple une conférence de 3 jours. Avec des experts venus du Maroc et la Mauritanie et autres leaders musulmans et chrétiens, le but de cette conférence est d’échanger sur les droits des femmes et des enfants selon les préceptes religieux.
Elhadj Karamoko Diawara, secrétaire général adjoint des affaires religieuses a affirmé l’engagement de son département à œuvrer dans le cadre de la prévention des mutilations génitales féminines
« La question de la protection des enfants et des femmes est une prescription divine en ce sens que tous les prophètes ont exigé la protection des femmes et des enfants car leur protection contribue au développement de l’humanité. C’est dans cette dynamique que mon département a adopté une fatwa interdisant la pratique des mutilations génitales féminines en Guinée et adopter une stratégie d’intervention des leaders religieux pour la promotion de son abandon grâce à l’appui de l’UNICEF. Je voudrais vous réaffirmer l’engagement de mon département à œuvrer constamment dans le cadre de la prévention du mariage précoce, du viol de petite fille, du travail de l’enfant et surtout la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines, ceci en collaboration avec tous les acteurs concernés >>, a-t-il estimé.
En Guinée, les enquêtes démographiques et de santé ont montré que la pratique est très prévalente.
Selon Dr Pierre N’Gom, représentant de l’UNICEF en Guinée 95 % des femmes et filles ont été victimes de MGF en 2018
« Il y a assez de données maintenant au niveau de la Guinée pour montrer que la pratique est très prévalente selon les enquêtes démographiques et de santé de 2018, 95% des filles et des femmes de 15 à 49 ans ont été victimes de mutilations génitales féminines. Ça c’est presque toutes les femmes et donc 97 % en 2012. Les progrès les plus notables sont que les jeunes filles de 0 à 14 ans qui ont enregistré 39% de prévalence en 2018 contre 46% en 2012. Je souhaiterais marquer le caractère intersectoriel des interventions de promotion de l’abandon des MGF, en effet l’efficacité des actions dans ce domaine qui est les efforts de tous les efforts concernés en appui au ministère de l’action sociale, en particulier ceux du secrétariat général des affaires religieuses, le Ministère de la santé, de la justice, de la sécurité, de la communication pour ne citer que ceux-là », a-t-il affirmé.
Pour la ministre de la protection féminine et de l’enfance Mariama Sylla cette pratique considérée comme traditionnelle, constitue une des pires formes de violence avec des conséquences néfastes pour la santé
« Les mutilations génitales féminines constitue une pratique traditionnelle profondément ancrée dans nos coutumes et traditions. Elles demeurent à l’égard des filles, des femmes et des enfants une des pires formes de violence qui ont des conséquences physiques et psychologiques néfastes sur leur santé. Notre pays est engagé donc activement dans la dynamique d’abandon de cette pratique à travers le renforcement du cadre légal et programmatique. La récente adoption du code de l’enfant et celle de la révision du plan stratégique national dans un cadre de concertation inclusive et l’adoption d’une stratégie spécifique d’intervention de vous les religieux dans la promotion de l’abandon des MGF sont des engagements forts dont l’issue interpelle toutes les composantes sociales particulièrement vous les religieux qui constituent une dimension plus qu’importante », dira-t-elle.
Cette conférence nationale portera sur 3 thèmes, à savoir la religion et les MGF, le rôle de la jeunesse pour l’atteinte de l’objectif tolérance zéro des MGF en 2030 et les stratégies et moyens de lutte contre les MGF.
Maciré Camara