Depuis quelques mois, la classe politique guinéenne bouillonne d’idées dont les principales se rapportent à l’adoption d’une nouvelle constitution. Les Guinéens qui ont le souci d’approfondir leur démocratie et aller encore plus vite vers le progrès estiment que l’adoption d’une nouvelle constitution est plus que jamais nécessaire.
Comme le veut le jeu de la contradiction, les forces d’opposition se sont mobilisées pour aller à l’encontre de cette volonté exprimée par la Majorité. Marches, meetings, conférences de presse, déclarations incendiaires, voire appels à brûler ce pays, ont été vus et entendus. Les faits sont venus confirmer les intentions avec des actes de vandalisme et de perturbation de l’ordre public. L’essentiel, c’est d’empêcher la manifestation de la volonté populaire. Qu’importe la méthode pourvu que les choses aillent dans le sens voulu. Il y en a même qui n’hésitent pas à projeter la Guinée dans les ruines douloureuses de la Côte d’ivoire et du Liberia. Les Ivoiriens ne sont pas plus courageux que nous, entend-on dire pour fouetter l’amour propre et l’orgueil des Guinéens. Pour des gens qui aiment leur pays, il faudra certainement plus pour les amener à agir comme eux le souhaitent.
Que font-ils alors de la logique qui résout clairement le problème en reconnaissant le peuple comme seule source de légitimité. La disposition qui permet d’entendre le peuple au-dessus des partis politiques, c’est tout naturellement le Référendum.
Tous les Guinéens ne sont pas militants de partis politiques
Contrairement aux arguties des laudateurs de l’opposition, l’adoption d’une nouvelle constitution ne concerne pas la seule personne d’Alpha Condé mais les 12 millions de Guinéens. L’ensemble et chacun a droit de donner son avis à travers les urnes. Pourquoi diantre l’opposition a-t-elle peur qu’on donne la parole au peuple au nom duquel elle dit se battre ? Craint-elle une défaite cuisante alors qu’elle revendique tous les jours dans ses propos avoir inversé la majorité ? C’est vrai qu’elle a plus d’une fois brassé des foules à travers meetings et marches tout comme son alter ego, mais tout indique qu’elle n’est pas convaincue de l’adhésion de celles-ci à ses thèses. Pour réussir dans les urnes, il faut des voix conscientes et pas seulement des bambins prêts à tout pour s’amuser ou défier tout simplement l’autorité.
Que les partis qui se réclament désormais majoritaires dans ce pays nous en fassent les preuves une fois pour toutes. Des soi-disant leaders qui vocifèrent dans les meetings de l’opposition ne sont même pas capables de remplir un kiosque avec leurs militants. N’eût été les conséquences de certaines alliances, des députés de l’opposition n’auraient jamais vu les couleurs des chaises de l’Assemblée Nationale à plus raison s’y asseoir. Le peuple sait où se trouvent ses intérêts et sait faire la part des choses.
Que de mauvaise foi !
André Comte-Sponville, dans son « Petit traité des grandes vertus » soutient que « Le désir de vérité, qui est l’essence de la bonne foi, reste en cela soumis à la vérité du désir, qui est l’essence de l’homme. » La mauvaise foi de l’opposition se trouve ainsi exprimée quand les opposants disent que le Peuple ne veut pas d’une nouvelle constitution et du Référendum, alors qu’ils refusent dans le même temps à ce peuple de dire par lui-même ses sentiments.
Tous les instruments internationaux sur lesquels les constitutionnalistes acquis à leur cause s’appuient pour clamer l’illégalité de la relecture de la constitution prévoient la consultation du Peuple en cas de désaccord sur tout problème d’intérêt national.
A l’image du prêcheur qui doute de sa propre foi, les opposants au régime de d’Alpha Condé ont une telle phobie du Référendum, qu’ils en ont fait un programme d’activités pour ne pas dire un programme de gouvernement. Et comme ils ne sont pas à une contradiction près, ils demandent l’application de la constitution mais dans le seul sens qui les arrange. C’est le lutin qui veut à la fois de longues stresses et une tête bien rasée.
Rien n’est acquis d’avance !
Le comble, c’est que certains n’excluent pas de brûler le pays pour atteindre leur but. Heureusement, les Guinéens refusent d’embarquer dans leur bateau ivre dont le naufrage sera pire que le Titanic.
Il faut mettre en avant les intérêts du plus grand nombre. S’il vous plaît, laissez les populations choisir leur destin. « Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine, des préjugés et de l’étroitesse d’esprit » disait l’ancien président français Jacques Chirac.
Aux urnes donc, citoyens !
L’espoir fait vivre. Au lieu de faire le choix du vandalisme, les opposants doivent savoir que le vote est un risque même pour le pouvoir. Le « oui » ou le « non » au Référendum ne sont pas un acquis pour qui que ce soit. Tout est une question d’arguments pour convaincre les électeurs. Si l’opposition refuse, c’est parce qu’elle n’a rien à offrir en dehors des injures habituelles. Or les Guinéens sont fatigués d’entendre ça.
Mohamed Fofana