Insécurité au Sahel : silence et attentisme coupables de la CEDEAO et de la Communauté internationale (Par Moïse Sidibé)
La dernière attaque qui s’est soldée par 71 morts le 11 décembre à Inares, à quelques encablures seulement de Niamé, montre que la situation n’est nulle part sous contrôle dans une CEDEAO indifférente, pourtant, elle était active en Gambie et en Guinée-Bissau. Parler dans ces conditions de syndicat de chefs d’Etat, personne ne se formalisera. Alpha Condé aimait à faire la leçon aux Guinéens en leur disant : « Si on vous lave le dos, lavez-vous le ventre ». Et s’il disait la même chose à ses pairs…
On a entendu le porte-parole du gouvernement nigérien parler d’un bilan précis de 71 morts, de 12 blessés et d’un nombre indéterminé de disparus, côté ami. Cela signifie que des soldats d’autres pays font partie des victimes, mais on ne sait pas lesquels, qui seront pris en charge et décorés d’une distinction nationale du Niger (légion d’honneur ?). Voilà qui ne fera pas trop jaser, comme au Mali, qui va se rattraper, probablement. Quant au nombre de morts, de blessés et de capturés, côté ennemi, aucune précision.
Qu’à cela ne tienne, mais comment tout ce contingent d’insurgés a pu déplacer toute cette armada et faire tout ce chemin pour arriver à Inares sans être aperçu par les populations rurales et par les drones américains et français ? Et la question à fragmentation qui suit est de savoir jusqu’où les assaillants ont été poursuivis, et pourquoi pas jusqu’à leur derniers repères et retranchements, pour en finir une fois pour toutes ?
Dans ces non-dits avec des zones d’ombre, peut-on voir la raison du sentiment anti-Français ? Comment le corriger ?
Ce qu’on ne comprend pas, en outre, c’est le lourd silence de la CEDEAO et l’attentisme de ce qu’on appelle « la Communauté Internationale ». Rien qu’en Syrie et en Irak qui, par rapport au Sahel, ne sont qu’un petit terrain de tennis dans un terrain de football, une coalition internationale des plus musclés de ce monde a piétiné pendant au moins 5 ans avant de voir le bout du tunnel. Si la situation s’endurcit au Sahel, il y en aura pour des décennies d’engagement contraignants et dispendieux. N’est-ce pas qu’il vaut mieux tard que jamais ?
Que dire aussi de cette politique de l’autruche, de cette fuite en avant devant ce qui se passe dans les circonscriptions de la CEDEAO ?
La reprise en main de la situation au Sahel n’est pas irrémédiablement compromise, mais elle va être compliquée pour ce qui va de la sécurité internationale dans un avenir pas lointain. Barkhane n’y arrivera pas seule, et la MINUSMA, vue comme coquille vide par les Maliens, non plus. Il faudrait une coordination et un mouvement d’ensemble international.
Moise Sidibé