Le président du Niger Mahamadou Issoufou s’est entretenu à Niamey avec des chefs touaregs de la région de Kidal, dans le nord du Mali, qu’il avait récemment accusé d’être « une menace » pour la stabilité du Sahel, a appris jeudi l’AFP de sources concordantes.
« Le président s’est entretenu le mardi 26 novembre avec notamment une délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en présence du Premier ministre (nigérien) Brigi Rafini. Ils ont parlé de la récente déclaration du président sur le statut de Kidal », a indiqué à l’AFP une source touareg.
Les responsables touaregs ont séjourné à Niamey « sur invitation du président Issoufou », a relevé cette source.
La rencontre « a permis de mettre fin au +petit malheureux incident+ qui est désormais +clos+ », rapporte le site nigérien ActuNiger, qui cite un membre de la délégation touareg.
Des photos prises et diffusées sur les réseaux sociaux montrent M. Issoufou et les membre de la délégation et la poignée de main entre lui et le secrétaire général du HCUA, Mohamed Ag Intalla et un chef militaire de ce Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui se définit comme un mouvement « politico-militaire » multi-communautaire. Une autre image montre le président recevant des cadeaux.
« Le statut de Kidal est une menace » pour la stabilité du Sahel, avait déclaré en septembre à Bamako, M. Issoufou malgré la présence à ses côtés de son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta.
De fait, le président Issoufou se plaint que des groupes armés maliens signataires de l’accord d’Alger de 2015 aient une « position ambiguë » vis-à-vis des jihadistes, faisant peser le soupçon d’alliances locales et opportunistes entre séparatistes (touareg) et jihadistes.
Il avait lancé des accusation après une attaque menée en juillet par des jihadistes contre un camp militaire nigérien proche de la frontière où 18 soldats ont été tués.
Aujourd’hui, Kidal est devenue une « évidente base arrière et rampe de lancement de plusieurs opérations terroristes », a déclaré mi-septembre auprès de la presse burkinabè le Nigérien Maman Sidikou, secrétaire général de la force du G5 Sahel (Niger, Mali, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso) engagée dans la lutte contre le jihadisme.
Le CMA a toujours réfuté ces accusations nigériennes.
Kidal fait partie de ces vastes zones du Mali qui échappent de facto à l’autorité de l’Etat malien et est aujourd’hui, malgré la présence de bases françaises et des forces onusiennes, sous le contrôle d’ex-rebelles séparatistes touareg qui se sont soulevés contre le pouvoir central en 2012 avant de signer un accord de paix à Alger trois ans plus tard.
Niamey avait plusieurs fois servi de médiateur entre Bamako et les responsables touareg.
En mai 2013, le président Issoufou avait reçu ensemble des représentants du gouvernement malien et des responsables touareg du Nord du Mali pour tenter de débloquer la situation à Kidal occupée par des groupes armés touareg.
En mars 2015, Niamey avait abrité une réunion des responsables touaregs maliens pour les convaincre de signer l’Accord d’Alger qu’ils refusaient de parapher.
AFP