Elhadj Mamoudou Soumah, kountigui de la Basse Côte : ‘’Sèkhouna et Souna sont des manipulés du pouvoir’’
Le fleuve n’est pas tranquille en Basse Côte qui cherche encore son kountigui (chef coutumier). L’intronisation d’Elhadj Souna Yansané dimanche dernier à Boulbinet a réveillé les vieux démons. Elhadj Mamoudou Soumah de Dixinn, investi kountigui depuis le 19 septembre 2008 a été très dur vis-à-vis d’Elhadj Sékhouna Soumah de Tanènè et d’Elhadj Souna Yansané de Boulbinet.
Interrogé par nos confrères de Guineetime, Elhadj Mamoudou a confié qu’ « il ne peut pas y avoir trois kountigui en Basse Côte. Il y a trois groupes d’individus qui veulent faire en sorte qu’il y ait trois entités. Ce qui est impossible. Vous ne pouvez pas constituer une famille et dire que dans la famille-là, il y a trois responsables. Il ne peut pas y avoir trois kountigui ».
Parlant de la genèse du Kountiguiya en Basse Guinée, le patriarche commence par traiter Elhadj Sèkhouna d’imposteur.
«Vous savez, la venue de Sèkhouna ça a été une imposture, pourquoi ? En Basse Guinée, depuis le temps colon, il y avait une hiérarchie, on ne les appelait pas kountigui on les appelait Taifory c’est-à-dire les sages. Le premier on l’a constitué un peu avant l’indépendance et après c’est Elhadj Fodé de Boulbinet. Lui il a rassemblé tout ce monde-là de Conakry à Forécariah. Les sages qui habitaient Conakry se réunissaient chez lui à Boulbinet. Après lui, il y a eu Commandant Fodé Sylla qui était un militaire mais à sa retraite, il s’est intéressé à l’organisation de la basse Guinée. Quand il est décédé, il y a eu un autre mais on a d’abord nommé Elhadj Mamadou Sylla qui était opérateur économique à l’époque pendant 4, 5 ans comme ça. Mais à l’époque, il ne faisait pas de la politique, c’était un notable », dit le premier maire de Dixinn.
Pour lui, les deux autres ‘’chefs coutumiers’’ de la région ne sont que des ‘’manipulés de l’administration’’.
« Ceux qui se laissent manipuler par l’administration pour des besoins uniquement politiques, ce sont ceux-là qui se battent aujourd’hui, c’est-à-dire Sèkhouna et Elhadj Souna. Allez demander à un ministre, ça je vous le dis, que si un seul ministre ou un seul administrateur est venu chez moi ici, poser le problème que vous posez là ? Ils vous répondront non et vous demanderez pourquoi ? Même le président de la République, il ne peut pas me poser des questions comme ça, parce que c’est un jeune frère mais que je connais depuis près de 70 ans, donc il me connaît, je le connais. Moi j’ai la rigueur des choses, je sais qu’une société qui n’a pas de principes, une entité qui n’a pas de rigueur, c’est une entité qui est vouée à l’échec (…). Donc sur le plan des coutumes, parce que moi je suis nommé, je ne suis pas élu, c’est un consensus qui m’a mis là. Les autres ont été élus, ils ont été à tel endroit, après à tel endroit, moi c’est un seul endroit », insiste-t-il.
Mohamed Cissé