Une attaque contre des fidèles qui priaient vendredi soir dans une mosquée a fait au moins 16 morts dans le nord du Burkina Faso, démontrant une fois de plus la faiblesse des forces de défense du pays au moment où un millier de personnes se sont rassemblées samedi contre le « terrorisme » et pour dénoncer la présence de forces armées étrangères dans le pays.
« Des individus armées ont attaqué la grande mosquée de Salmossi (à une vingtaine de km de Gorom-Gorom, une des grandes villes du Nord) entre 19h00 et 20h00 (locale et GMT), faisant au moins 16 morts », a déclaré à l’AFP une source sécuritaire. « 13 personnes sont mortes au cours de l’attaque et 3 autres ont succombé quelques heures après », a-t-elle ajouté. « Deux autres blessés sont dans un état critique ».
« Les victimes sont tous des musulmans qui étaient en prière au sein de la grande mosquée », selon un habitant de Gorom-Gorom, joint depuis Ouagadougou.
« Depuis ce matin (samedi), les populations ont commencé à fuir la localité », a-t-il dit, évoquant un « climat de panique malgré le renfort militaire qui a été déployé » après l’attaque.
Cette tuerie n’a pas encore été revendiquée, mais des mosquées et des imams ont par le passé été la cible d’attaques attribuées aux jihadistes par les autorités.
Le Burkina Faso, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, est pris depuis quatre ans et demi dans une spirale de violences, attribuées à des groupes armés jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda et d’autres au groupe Etat islamique.
Depuis début 2015, les attaques jihadistes, de plus en plus fréquentes et meurtrières, en particulier dans le Nord et l’Est, ont fait plus de 600 morts, selon un comptage de l’AFP.
Les forces de défense et de sécurité burkinabè, mal entraînées, mal équipées et mal encadrées, se sont montrées incapables d’inverser une tendance de plus en plus meurtrière avec quasiment une attaque par jour.
Dans la capitale, Ouagadougou, un millier de personnes se sont rassemblées samedi pour « dénoncer le terrorisme et la présence de bases militaires étrangères en Afrique » à l’appel d’une dizaine d’organisations de la société civile à l’occasion des « journées anti-impérialistes ».
– ‘Pyromanes pompiers’ –
« Armée française et forces étrangères on n’en veut pas », « Armée française hors du Burkina Faso » et « forces étrangères hors d’Afrique », ont scandé les participants réunis à la Bourse du Travail en raison d’une interdiction de manifester en ville.
« Le terrorisme est devenu le prétexte idéal pour l’installation de bases militaires étrangères dans nos pays. Les armées française, américaine, canadienne, allemande et autres ont pris pied dans la sous-région pour, disent-elles, combattre le terrorisme. Malgré cette présence massive des plus grandes armées du monde, les groupes terroristes continuent à sévir et montent même en puissance », a lancé le porte-parole des organisations civiles, Gabin Korbéogo.
« Il faut donc se méfier de ces pyromanes nocturnes qui, dès le lever du jour, se transforment subitement en pompiers », a ajouté M. Korbéogo. « Ces puissances étrangères utilisent le terrorisme pour (…) contrôler les immenses richesses de la région ».
« Les bases militaires étrangères sont la perpétuation des politiques impérialistes », a affirmé le président du mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), Chrisogone Zougloré. « C’est pourquoi après près de 60 ans de coopération militaire avec la France, nos armées demeurent incapables d’assurer la sécurité de nos territoires face à des hordes de bandits ».
Au Burkina Faso, la France est présente avec 200 hommes des Forces spéciale à Kamboinsin (banlieue de Ouagadougou) mais intervient régulièrement dans le pays au titre de la force Barkhane (4.500 hommes au Sahel).
Ces dernières semaines, les militaires français déployés au Sahel ont multiplié les interventions au Burkina Faso.
Près de 500.000 personnes ont fui leurs domiciles dans le Nord et l’Est en raison des attaques, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), qui fait état d’une « crise humanitaire en cours » touchant quelque 1,5 million de personnes dans le pays
AFP