Il convient de se demander si les présidents africains, d’une manière générale, s’entourent de bons conseillers ou encore est-ce qu’ils écoutent ces conseillers ? La réponse à ces interrogations nous permettra, en guise d’exemple, d’interpréter clairement la volonté du président Alpha Condé sur le projet de nouvelle constitution qui polarise actuellement toutes les attentions.
Souvenez-vous, monsieur le président Condé, au lendemain de votre première prestation de serment en décembre 2010, en tant que premier président de la République de Guinée démocratiquement élu, la majorité de vos concitoyens avaient un grand espoir en vous pour sortir la Guinée de l’ornière. Paradoxalement, cet espoir déçu pour la majorité de vos compatriotes. Le peuple de Guinée déjà impatient est déçu des résultats qui tardent à venir et l’est tout autant de vos choix et actes.
Chemin faisant, pensez-vous que ce même peuple qui vous a fait confiance en vous accordant un second mandat, se risquerait de vous en donner de nouveau et jusqu’à vous octroyer une présidence à vie ? Non, Monsieur le président Alpha Condé, tout sauf ça ! Ce serait plutôt de l’utopie, tout simplement. Pour se rassurer davantage de l’opposition de la majorité de vos compatriotes, veuillez-vous prononcer officiellement par rapport à ce fameux projet de nouvelle constitution. À ce moment-là, vous vous heurterez forcément à cette opposition populaire qui ne va tarder à se transformer en colère difficilement canalisable. La tension est latente et vous pourrez la désamorcer en faisant surtout preuve de sagesse.
Malgré leurs armes, vos hommes en uniformes ne peuvent pas vous sauver, encore moins vous protéger contre la colère de votre propre population. Seuls vos conseillers qui, malheureusement, ne vous disent pas la vérité, peuvent le faire. Ils vous cachent l’information, les réalités du terrain au profit de leurs intérêts égoïstes. Peut-être vous conseillent-ils, mais croyant en votre étoile, vous ne leur prêter meilleure écoute ?
Monsieur le président Alpha Condé, isolez-vous pendant quelques heures. Soyez seul et réfléchissez à la place de votre population en vous mettant à sa place, bien entendu. Vous réaliserez, ô combien cette population souffre ! En faisant cela, j’en suis sûr et certain que vous vous débarrasserez de beaucoup de vos conseillers, à défaut de tout le monde pour pouvoir mériter la confiance et l’estime du peuple de Guinée, qui pourrait un jour, apprécier à leur juste valeur quelques actes posés ça et là.
Vous avez pris ce pouvoir incarnant un espoir et sortez-en par la grande porte de l’Histoire et sous les ovations de votre Peuple qui saura vous le reconnaître. Vous aurez mérité le symbole retrouvé dans la personne de Madiba, Mandela de la Guinée, comme vous aimez, curieusement vous faire appeler. Le peuple de Guinée vous aime monsieur le président. Ne le décevez pas davantage !
Thierno Oumar Diawara, journaliste / todiawara@guineerealite.info
Belle réflexion de mon point de vue, Cher Monsieur Thierno Oumar Diawara. En fait, personne ne pourrait au plan juridique, opposer un refus quelconque au droit du Président de la République de proposer un référendum constitutionnel au Peuple de Guinée. Nous sommes tous d’accord que là n’est pas du tout le fond du problème qui se pose aujourd’hui à la Nation.
Le problème c’est de savoir en quoi, un troisième, un quatrième mandat à la tête du pays, apporterait un plus ou une valeur ajoutée quelconque à la carrière historique du Président de la République, pour qui l’on peut écrire sans risque de se tromper, que Dieu a tout donné en termes d’exercice du pouvoir intégral et de reconnaissance internationale du combat politique.
Un troisième ou un quatrième mandat ne seront certainement d’aucune avancée historique et politique par rapport aux bilans de ses deux premiers prédécesseurs de la première et de la deuxième République.
Quant au regard objectif à porter sur l’avenir politique et à l’héritage à laisser aux générations futures, un troisième mandat dans les conditions politiques et sociologiques actuelles de la Guinée, ne sera qu’un très mauvais souvenir dans la mémoire collective de la Nation face à la montée de la résistance nationale actuelle.
Un troisième mandat pour le Président de la République, ne lui apportera absolument rien de plus que ce que Dieu lui a déjà donné en termes de pouvoir exécutif, de magistrature suprême et surtout, de bonne santé à la tête du pays.
Des profils politiquement bien pointus au sein du RPG-Arc-En-Ciel, le Président de la République pourrait bien en trouver et qui soient capables d’assurer la relève comme au Niger qui s’apprête à le faire, et d’affronter les candidats de l’Opposition dans les urnes sans heurts, ni bouleversements majeurs.
La résistance grandissante d’une bonne partie de la Nation au projet de mandat illimité, est un très mauvais signal historique pour le Président de la République et qui ne va pas du tout l’honorer. Il faudrait le dire haut et fort.
Et c’est très dommage de constater la montée actuelle de l’instabilité politique et institutionnelle alors que le pays a un besoin urgent de se consacrer aux efforts de développement économique et social.
En clair, le Président de la République, n’a pas du tout besoin de gâcher inutilement son propre bilan politique par une instabilité institutionnelle dans le pays, alors que toute l’Afrique et la Communauté internationale ont besoin de son expérience et de son expertise politiques, après son mandat présidentiel actuel.
Il pourrait faire beaucoup mieux pour aider la Communauté internationale que de nombreux anciens Présidents Africains, Latino-Américains ou même Européens sur la plupart des chapitres de la gouvernance mondiale d’aujourd’hui : paix et sécurité, environnement, lutte contre la pauvreté, climat, dividende démographique, soutien à la résilience dans les pays pauvres, etc…
Toute l’Afrique, y compris la génération des moins de vingt ans, devrait se souvenir de lui en bien, au même titre que de Nelson Mandela, Julius Nyerere, Léopold Sédar Senghor et autres.
Rien de plus beau et de plus utile pour le Président de la République et pour la Nation Guinéenne qu’une telle belle sortie par la grande porte de l’histoire.
Au Président de la République, de prendre la décision la plus sage et la plus utile pendant qu’il est encore possible de construire les bases dynamiques d’un avenir meilleur, pour lui-même et pour tout le pays.
Qui résume mieux la situation politique actuelle de la Guinée que le Cardinal Robert Sarah, celui que beaucoup considère en curie Romaine comme un Saint, et qui avait déclaré dans son immense sagesse et de façon magistrale que le pouvoir usait l’homme ?
La suite, on la connaît.
Merci pour la courtoisie de Médiaguinée, et merci pour la réflexion cher Monsieur Thierno Oumar Diawara.