Lutte contre l’immigration irrégulière : l’ancienne ministre Makalé Camara demande l’implication de tous
L’ancienne ministre des Affaires Etrangères et actuellement présidente de la plateforme des Femmes et des Jeunes de Guinée pour la Paix (FEMJEUGUIP), Hadja Makalé Camara, s’engage désormais à lutter contre l’immigration irrégulière et la traite des femmes.
Pour ce faire, elle demande l’implication des acteurs et décideurs à tous les niveaux pour vaincre ce fléau qui, selon elle, tue nos jeunes sur le désert et en mer, voir par le mauvais traitement inhumain. Elle l’a fait savoir ce mercredi 4 août, à l’occasion du lancement de la campagne contre ce phénomène.
Selon elle, avec la volonté des uns et des autres, ce phénomène pourra être vaincu par la mutualisation de leurs efforts afin de trouver des réponses inclusives. C’est pourquoi, dit-elle, « votre implication en tant que leaders d’opinion, décideurs, partenaires bi et multilatéraux nous est indispensable pour impulser une dynamique forte face à ce phénomène de l’immigration clandestine. »
Déjà en Guinée, nombreux sont des jeunes qui vont en aventure sur la voie clandestine. « L’immigration irrégulière est un phénomène qui est de nos jours, fait subir aux populations de lourdes et considérables pertes en vie humaines. Les zones de regroupement ont déjà été identifiées, Boké, Mamou, Labé, Kankan N’Nzérékoré et Conakry comme préfectures (zones) de départs. La recrudescence de ce phénomène devient inquiétante surtout avec l’implication des religieux qui démarchent les familles au nom de l’Islam pour envoyer nos filles dans les pays du Golf où elles deviennent des esclaves sexuelles, des bonnes à tout faire, taillables et corvéables à volonté… »
Pour lutter contre ce fléau, elle s’adresse d’abord aux parents, qui selon elle, « doivent absolument comprendre que nos enfants sont nos biens les plus précieux, qu’ils ne doivent pas servir de monnaie d’échange pour les biens de ce monde, mais que la vie n’a tout simplement pas de prix.
S’adressant aux réseaux des passeurs clandestins, elle les prévient qu’ils seront traqués, démantelés et traduits en justice. « Nous nous adressons aussi aux décideurs pour leur dire que l’heure est grave. Que nos enfants meurent en Méditerranée ou dans le désert de Lybie et partout ailleurs dans les mêmes conditions…»
Plus loin, elle a tenu à mentionner : « Nous exhortons les autorités, des conseils communaux à un encadrement normatif renforcé et à collaborer dans un intérêt général inclusif. Les élus au niveau des collectivités locales doivent rendre l’environnement favorable contre les flux de départ… »
Youssouf Keita
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Il n’y a aucun doute quant à la pertinence de l’analyse de Madame Hadja Makalé Camara par rapport à deux fléaux calamiteux qui continuent de ruiner les forces vives (jeunes hommes et jeunes femmes) de l’Afrique Subsaharienne en mer Méditerranée, au Maghreb et au Moyen Orient (Koweït, Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis, etc…).
Non seulement, la lutte devrait être organisée de façon efficace sur le territoire national avec le soutien des populations et de la Sécurité Publique, mais surtout au niveau des pays de transit où la corruption est excessive, il serait souhaitable d’envisager une collaboration au plus haut niveau avec les Gouvernements de certains pays ayant une très grande influence sur la traque des réseaux de trafiquants et de traite humaine.
Par exemple en ce qui concerne, l’Est Lybien où beaucoup d’Africains Subsahariens sont pris en tenaille par les réseaux d’esclavage, l’Egypte est considérée comme le parrain direct des forces dirigées par le Général Haftar qui contrôlent toute cette région de transit de la Cyrénaïque (région de Benghazi).
La Sécurité Publique Egyptienne pourrait bien soutenir la Guinée pour libérer ceux-là qui sont actuellement dans les camps d’esclavage et ensuite bloquer tout passage par l’Est de la Lybie.
La même Sécurité Publique Egyptienne bien connue pour son efficacité dans la sous-région, pourrait très certainement aider à démanteler aussi, certains réseaux d’esclavage installés au Koweït, et dans le reste du Proche Orient en raison de son audience dans cette partie du monde.
En ce qui concerne, le Maghreb, la Sécurité Publique Algérienne est suffisamment forte pour traquer tous les réseaux clandestins de traite humaine en provenance du Sud du Sahara, y compris de la Guinée.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas envisager une Convention de coopération de la Guinée avec les Polices Nationales des Etats riverains de la Méditerranée ou du Proche Orient, en vue, de l’identification des jeunes compatriotes Guinéens et aider à l’organisation de leur retour au pays avec l’appui logistique de l’OIM et des Etats Européens ? Pourquoi pas ?
Sans une mobilisation internationale et une collaboration plus active des Polices Nationales et de l’OIM, du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Egypte, il va être quasiment impossible de faire des résultats sur le terrain, les frontières étant tellement poreuses dans un environnement de corruption excessive presque partout y compris dans les pays de transit, autour de l’exploitation et de la traite humaine.
J’observe tout simplement, que jusqu’à présent, il n’y a pas vraiment eu de conférence ni de rencontres directes entre les pays Sub-Sahariens pourvoyeurs d’immigrants illégaux et les Etats riverains de la Méditerranée.
C’est toujours l’Europe qui a l’initiative sur les questions de politiques anti-migratoires et c’est incompréhensible de la part des Etats Africains au Sud du Sahara. Pourquoi la Guinee n’initierait-elle pas une telle rencontre internationale pour attaquer de maniere frontale la question ?
Bon courage Madame Hadja Makalé Camara pour votre engagement pertinent en faveur de la lutte contre les fléaux calamiteux de l’immigration irrégulière et de la traite humaine.