La loi sur la liberté de la presse ne fait plus l’unanimité au sein de la clas se politique guinéenne. Certains hommes politiques soutiennent que cette loi qui réglemente le secteur médiatique guinéen n’est pas applicable parce que, selon eux, elle n’est pas conforme à la constitution. C’est le cas de Alhoussény Makanéra Kaké qui soutient bec et ongle que ce texte viole certaines dispositions de la loi fondamentale.
« Je suis opposé à la loi sur la liberté de la presse pour plusieurs raisons, d’abord elle n’est pas conforme à la constitution, conformément à l’article 8 de notre constitution qui dit que tous les citoyens sont égaux devant la loi. C’est pourquoi en principe, si les juges appliquent réellement la loi, cette loi sur la liberté de la presse allait tomber en désuétude dès le premier moment, parce qu’il y a l’article 96 alinéa 4 de la constitution qui soulève l’exception d’inconstitutionnalité pour motifs de rupture d’égalité entre les citoyens devant la loi », a-t-il soutenu lors d’un entretien samedi avec notre rédaction.
Par ailleurs, l’ancien ministre de la communication pense que les délits de presse doivent être réprimés par la loi sur la cybercriminalité. Selon lui, la loi sur la liberté de la presse est une loi générale et la loi sur la cybercriminalité, une loi spéciale.
« Aujourd’hui nous sommes dans un autre cadre, il y a une loi à portée générale, c’est la loi sur la liberté de la presse, et il y a une loi à portée spéciale, c’est la loi sur la cybercriminalité. La cybercriminalité, c’est l’ensemble des infractions pénales qui se commettent sur un réseau de télécommunications, pour celui qui connaît la définition des télécommunications, que ça soit la radio ou la télévision, ça tombe sous le coup de la cybercriminalité », a dit l’ancien collaborateur de Cellou Dalein Diallo, tout en laissant un message aux journalistes.
« Je ne veux pas dire ici que les journalistes qui sont interpellés doivent forcément être mis en prison, où ils sont forcément coupables, mais lorsqu’on parle de la loi, il ne faudrait pas avoir d’état d’âme. Le combat que les hommes de la presse doivent mener aujourd’hui, c’est de faire en sorte qu’il y ait moins de gens qui sont atteints dans leur honneur et leur dignité par la presse », a-t-il dit.
Depuis des mois, de nombreux journalistes défilent devant les juges. L’un des doyens de la presse nationale Diallo Souleymane, fondateur du Groa été inculpé et placé sous contrôle judiciaire. Ainsi que le directeur général de Lynx fm. Ils sont poursuivis pour « complicité de production, diffusion de données de nature à troubler la sécurité publique et à porter atteinte à l’honneur et à la dignité humaine ».
Yaya Dramé