La France « n’a besoin d’aucune autorisation » pour s’exprimer sur l’Iran, a déclaré vendredi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, réagissant à une critique exprimée la veille par le président américain Donald Trump.
Répondant implicitement au président américain, qui avait reproché jeudi au président Emmanuel Macron de parler à l’Iran au nom des États-Unis, le chef de la diplomatie française a ajouté : « Sur l’Iran, la France s’exprime en toute souveraineté. Elle s’engage fortement pour la paix et la sécurité dans la région, elle s’engage pour permettre une désescalade des tensions et elle n’a besoin d’aucune autorisation pour le faire ».
« La France est fidèle à l’accord de Vienne qui empêche la prolifération nucléaire », a poursuivi M. Le Drian dans un communiqué. « Elle respecte sa signature, comme le font les autres parties de l’accord, à l’exception des États-Unis, et elle demande fermement à l’Iran de revenir à la conformité de ses obligations ».
« L’aggravation des tensions nécessite des initiatives politiques pour retrouver les conditions d’un dialogue. C’est ce que fait le président Macron en toute transparence avec nos partenaires, en premier lieu les Européens signataires. Il tient évidemment les autorités américaines informées. Tous les efforts doivent être réunis pour éviter que cette situation conflictuelle ne se transforme en une confrontation dangereuse », a conclu le ministre.
Jeudi, Donald Trump avait déclaré, dans un tweet : « Je sais qu’Emmanuel veut bien faire, comme tous les autres, mais personne ne parle pour les États-Unis à part les États-Unis eux-mêmes », alors que les tensions entre Washington et Téhéran se sont exacerbées au cours des derniers mois.
« L’Iran a de graves problèmes financiers. Ils veulent désespérément parler aux États-Unis, mais reçoivent des messages contradictoires de la part de tous ceux qui prétendent nous représenter, parmi lesquels le président français Macron », a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron s’entretient régulièrement avec son homologue iranien Hassan Rohani et ne cache pas son espoir de jouer les médiateurs dans la crise en cours.
Mardi, le journal en ligne Al-Monitor, spécialiste du Moyen-Orient, avait assuré, citant « deux sources ayant requis l’anonymat », que le président français avait invité son homologue iranien à assister au prochain sommet du G7, qui se tiendra en France, à Biarritz, du 24 au 26 août, et aurait pu être l’occasion d’une rencontre avec le président Trump, ce que le chef de l’État iranien aurait refusé.
Le palais présidentiel de l’Élysée a toutefois formellement démenti à l’AFP qu’une telle proposition eut été faite.
Tout en durcissant la pression diplomatique, économique et militaire sur Téhéran, le président Trump a récemment multiplié les appels au dialogue, y compris pendant l’actuelle escalade des tensions dans le Golfe. Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a confirmé avoir été invité à rencontrer le président Trump à la Maison Blanche, ce qu’il dit avoir refusé.
Emmanuel Macron s’entretient régulièrement avec son homologue iranien Hassan Rohani et ne cache pas son espoir de jouer les médiateurs dans la crise en cours.
« C’est le rôle de la France de faire tous les efforts nécessaires pour que l’ensemble des parties concernées acceptent une pause et ouvrent la négociation », avait souligné la présidence française après un entretien téléphonique Macron-Rohani, fin juillet.
L’Élysée avait précisé que, depuis son lieu de villégiature, le président français restait « en contact » avec ses homologues américain et iranien.
Jusqu’à présent, l’Iran maintient qu’il ne négociera pas avec Washington sous la pression des sanctions américaines.
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump s’en prend publiquement, sur Twitter, à Emmanuel Macron, après des débuts pourtant à première vue idylliques entre les deux présidents.
Fin juillet, le locataire de la Maison Blanche est monté au créneau contre la taxe française sur les géants américains du numérique en dénonçant la « stupidité » de celui de l’Élysée, avec à la clé des menaces de rétorsion contre les exportations de vin français vers les États-Unis.
AFP