La justice malienne a jugé mercredi irrecevable une plainte en diffamation intentée par le député Karim Keïta, fils du président Ibrahim Boubacar Keïta, contre deux journalistes qui l’avaient impliqué dans la disparition d’un reporter d’investigation, ont indiqué les avocats des parties à l’AFP.
Le tribunal de la commune 3 de Bamako a déclaré cette plainte irrecevable pour des questions « de forme », a déclaré à l’AFP l’un des avocats des journalistes poursuivi, Alassane Diop. Birama Touré, âgé d’une cinquantaine d’années, journaliste pour l’hebdomadaire privé Le Sphinx jusqu’à quelques mois avant sa disparition, n’a plus été vu depuis 29 janvier 2016, selon sa famille et le directeur de la publication, Adama Dramé.
Ces derniers disent craindre qu’il ait été enlevé, torturé et tué après plusieurs mois de détention. Le directeur du Sphinx avait affirmé en 2018 que son ex-reporter avait auparavant approché Karim Keïta à propos d’un dossier portant sur sa vie privée. Estimant avoir été diffamé par le Sphinx, Karim Keïta, qui a toujours fermement démenti toute implication dans la disparition du journaliste, a porté plainte en juin pour diffamation contre le directeur de la revue et contre un journaliste d’une radio privée de Bamako qui lui avait ouvert son antenne.
« Nous sommes abasourdis. Le tribunal n’a pas touché au fond du dossier, mais a estimé que, sur la forme, à cause des exceptions soulevées par les avocats des journalistes poursuivis, la plainte est irrecevable », a déclaré l’un des avocats de Karim Keïta, Khalifa Yaro. Le député a 15 jours pour faire appel de la décision rendue mercredi.
La justice malienne poursuit par ailleurs son enquête sur la disparition de Birama Touré. Un neveu du reporter, Baladji Touré, qui vit en région parisienne, a par ailleurs déposé en juin une plainte contre X avec constitution de partie civile devant le tribunal de grande instance de Paris pour des faits de « tortures » et de « meurtre ».
Belga