Le ministère de l’Economie et des Finances à travers la direction nationale de la dette et de l’aide publique au développement de la Guinée a autorisé à émettre sur le marché financier, un emprunt obligataire dénommé « Emprunt Dette Publique 12,5% 2019-2022 » d’un montant de 1 600 milliards de francs guinéens pour une durée de 3 ans avec possibilité de deux (2) tirages.
En prélude au lancement du premier tirage qui aura lieu ce lundi 10 juin, dans un réceptif hôtelier de la place aux environs de 15 heures, les responsables des banques de placement ont animé un point de presse pour apporter quelques précisions importantes.
A cette occasion, le président de l’Association Professionnelle des Etablissements de Crédit de Guinée, Guy Laurent Fondjo a salué l’initiative, avant de préciser : « Ce qui nous réunis ce matin, c’est la préparation du lancement de l’emprunt obligataire 2019-2022 de l’Etat guinéen. Mais c’est quoi l’emprunt obligataire ? L’emprunt obligataire de façon aisée, c’est une forme de financement ou de lever de fonds dû du coté de l’Etat. Donc, c’est un mécanisme par lequel l’Etat essaye de lever des fonds afin de réaliser les projets précis. Donc, c’est un mécanisme comme tout autre parce que l’Etat a plusieurs façons de pouvoir se financer, soit à partir des recettes propres qu’on paye à travers les Impôts, soit en recourant à ce qu’on appelle la dette extérieure, soit en recourant à ce qu’on appelle les bons du trésor. Mais l’emprunt obligataire a ses particularités du fait que c’est un financement un peu à moyen terme. Donc, c’est une forme qui permet à l’Etat de pouvoir lever les fonds et financer ses différents projets », dira-t-il entre autres.
Parlant de l’investisseur ou de celui qui souscrit, il a tenu à mentionner que c’est une façon de fructifier son excédant de trésorerie. « Du côté de l’investisseur ou du côté de vous et moi, c’est une façon de fructifier son excédant de trésorerie. Comme vous le savez, il y a plusieurs façons de fructifier sa trésorerie. Mais comme je le disais tant tôt, la particularité de l’emprunt obligataire, c’est que c’est un placement sûr qu’on appelle les placements non risqués. Parce que vous placez votre trésorerie et par essence, vous êtes garantis que vous aurez le retour sur l’investissement à date et suivant le montant du taux d’intérêt qui a été fixé. Il n’y a presque pas de risque que vous perdez cet argent, c’est cela qu’on appelle obligataire. Donc, par nature, c’est quelque chose qui n’a pas presque pas de risque… »
Poursuivant, il dira que les 1 600 milliards seront faits en deux tirages dont un premier tirage de 800 milliards qu’on a va lancer aujourd’hui et un deuxième tirage de 800 milliards qui sera fait en décembre.
« Alors, ça va servir à quoi ? ça va servir à l’entretient du réseau routier, ça va servir à développer certains projets énergétiques et ça va servir aux actions de lutte contre la pauvreté (…) Donc, les banques vers lesquelles vous aller faire vos suscriptions, ce sont des banques qui sont dans le syndicat de placement et ce sont ces banques qui sont en face de vous ce matin et qui ont été mandatés par l’Etat de collecter vos différentes souscriptions et les reversées à l’Etat. Au niveau du syndicat de placement, il y a la Société Générale des Banques de Guinée, Orabank, Ecobank, Afriland First Bank et La BICIGUI. »
Youssouf Keita
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Ce papier n’est pas du tout clair à mon sens et je ne comprends pas du tout l’exposé de motifs de l’emprunt obligataire chiffré à 1.600 milliards de Francs Guinéens et qui sera émis en deux tranches de 800 milliards chacune de Juin 2019 à Décembre 2019 sur une maturité de 3 années (2019-2022). Pourquoi ?
(1)Par définition, l’emprunt obligataire est une forme de financement à l’attention d’un État, d’une banque, d’une entreprise ou d’une organisation gouvernementale.
Est-il exact de dire qu’il s’agit d’un mécanisme de financement à moyen terme à la seule disposition de l’Etat ? Non, ce n’est pas du tout le cas.
Une banque, une entreprise ou une organisation gouvernementale qui investit sur le moyen terme pourrait valablement émettre des emprunts obligataires au même titre que l’Etat, si la confiance existe du côté des investisseurs et du marché financier visé.
Dans les classiques d’Economie, tout le monde sait que l’emprunteur émet des obligations que des investisseurs achètent. Un intérêt est versé périodiquement, tandis que le capital sera remboursé à une date prévue. En fait, le recours à l’emprunt obligataire permet de se financer en dehors du circuit bancaire classique.
Il est notamment utilisé lorsque les conditions octroyées par les banques sont difficiles à satisfaire. Un emprunt obligataire peut offrir une rémunération à taux fixe ou à taux variable. Étant donné que le capital ne sera remboursé qu’en fin de prêt, le taux d’intérêt s’applique sur la totalité de l’emprunt.
(2)Dans le cas présent, s’agissant d’un emprunt de l’Etat Guinéen, il aurait fallu que le Ministère de l’Economie des Fiances explique l’ensemble des contours budgétaires et économiques liés aux ressources recherchées: les besoins réels de financement de l’Etat, le niveau du déficit budgétaire, la part de recettes attendue des impôts et taxes dans le budget de l’Etat en rapport avec les recettes totales, le taux de croissance économique attendu, le taux d’endettement public prévisionnel, le service de la dette au niveau du budget des dépenses du budget national, le niveau d’inflation attendu et la corrélation avec les objectifs économiques et sociaux déclinés par le Plan National de Développement Économique et Social, etc….
C’est ce qui se passe dans tous les pays en quête de ressources stables pour financer le déficit du budget de l’Etat, notamment dans le cadre des emprunts obligataires, soit sur le marché financier local, soit sur le marché financier international.
Quel est l’inconvénient majeur des emprunts obligataires selon les Experts Financiers ?
C’est qu’ils sont moins liquides que les actions. Les obligations sont plus difficiles à vendre. Elles peuvent voir leur valeur s’amoindrir en cas de remontée des taux d’intérêt ou de dégradation de la signature de l’emprunteur.
Par ailleurs et de façon plus large, à l’exception des titres publics, les obligations émises par les sociétés présentent un « risque de défaut » : si la société n’est plus en mesure de rembourser la dette contractée, le créancier perdra tout ou partie de son investissement.
Dernier risque à prendre en compte : certaines obligations sont remboursables avant leur échéance, par « anticipation ». En ce cas, l’investisseur récupérera son capital, mais pas les intérêts à venir.
(3)La présente opération d’émission d’emprunts obligataires étant probablement la première en Guinée, elle pourrait constituer un test extrêmement important pour l’avenir du marché financier du pays. C’est la signature du Gouvernement qui est engagée, dans un contexte économique et social très tendu et difficile, y compris en tenant compte de quatre contraintes majeures suivantes :
1-Les sources de revenus de l’Etat Guinéen ne sont pas diversifiées et c’est un handicap structurel pour garantir sur la longue durée le règlement des engagements internationaux du pays et celui de la dette intérieure.
2-Le poids de la demande sociale reste très fort en interne, sans que l’on ne voit aucune amélioration sur le front du portefeuille des entreprises publiques et parapubliques qui croulent sous le poids des déficits d’exploitation chroniques. Comment l’Etat va-t-il améliorer de façon significative, sa trésorerie pour lui permettre de faire face à ses engagements extérieurs et intérieurs ?
3-À la fin du processus d’émission actuelle des emprunts obligataires, quel va être le niveau du taux d’investissement et celui du service de la dette en rapport avec le budget 2019 ?
4-Et puis dans toute cette procédure, quel rôle revient à la Banque Centrale de la République de Guinée dans le pilotage et la sécurisation des opérations d’emprunts obligataires pour le compte du Trésor
Public ? Pour l’instant, je n’en trouve rien du tout sans que l’on ne sache pourquoi ? La Banque Centrale est incontournable à tout point de vue selon moi.
Autant de questions sans réponse en lisant ce papier et c’est dommage.