Le lancement des travaux de la Conférence Diplomatique organisée par le département des affaires étrangères a effectivement eu lieu ce lundi 29 avril 2019 à l’hôtel Kaloum de Conakry sous la haute présidence du Pr Alpha Condé, président de la République.
Après les salamalecs d’usage, Mohamed Lamine Solano, ancien présentateur à la RTG, nommé conseiller chargé des questions de communication au ministère des affaires étrangères, plantera le décor de la salle avant de donner le programme de cette première journée.
Dans la salle, outre le président de la République, il y avait, entre autres, le premier ministre Kassory Fofana accompagné de quelques membres de son gouvernement, les présidents des institutions constitutionnelles, les ambassadeurs, les consuls généraux, les cadres des services centraux du département, les cadres de l’administration, les anciens ministres, les anciens ambassadeurs et les honorables invités.
Venus de 36 représentations diplomatiques de la Guinée, deux missions permanentes, quatre consulats généraux et des consulats honoraires à travers le monde, non seulement pour rehausser de leur présence la cérémonie consacrée au lancement officiel des travaux de la conférence diplomatique, mais aussi pour apporter leur contribution auxdits travaux pour réorienter l’appareil diplomatique guinéen vers les objectifs de développement de la Guinée conformément à la vision du président de la Républiques et aux orientations du gouvernement.
Pour atteindre ces objectifs, cinq commissions thématiques ont été identifiées et qui vont cinq jours durant réfléchir sur, entre autres thèmes : les affaires politiques et la diplomatie, les affaires économiques et les environnement, les affaires sociales et culturelles et les affaires administratives et financières.
Comme le dit une romancière québécoise pour que les choses deviennent possibles il faut d’abord les rêver. « Monsieur le président de la République vous rêvez d’une Guinée de retour sur la scène internationale. L’une de vos phrases encore célèbre, après votre élection en 2010, reste Guinea is back. Plus qu’un slogan, votre offensive diplomatique a permis à notre pays de renouer avec les grandes messes au niveau sous régional, continental et mondial ». C’est en ces termes que le maître de cérémonie, Solano, invitera le ministre des Affaires Etrangères et des Guinéens de l’Etranger devant le pupitre pour son discours de bienvenue.
Après un survol panoramique de la salle pour son souhait de bienvenue, le ministre Mamadi Touré remerciera le président de la République, l’architecte et grand chef de la diplomatie guinéenne pour cette opportunité exceptionnelle qui nous est offerte d’examiner avec un sens de responsabilité notre diplomatie en vue de l’adapter aux réalités, enjeux et exigences du monde actuel et de la mettre en adéquation avec sa vision et son ambition de faire de la Guinée un pays émergent et un acteur majeur dans les relations internationales.
Aussi rappellera-t-il que le Président Alpha Condé a, dès son accession à la magistrature suprême en 2010, annoncé le retour de la Guinée sur la scène internationale. « Cette déclaration très tôt symbolisait votre volonté affichée de faire de la diplomatie un des chantiers phares de notre administration », a-t-il martelé.
Car pour le ministre « la Guinée, pays pionnier d’Afrique a très tôt dans son histoire montré la force et la pertinence de la diplomatie pour peser effectivement dans les questions des préoccupations majeures de la communauté internationale à travers des prises de position politiques courageuses et respectées ou encore en véhiculant des valeurs sociales et culturelles dont nous étions tous fiers ».
C’est pourquoi depuis l’arrivée d’Alpha Condé à Sékoutouréya, la mission traditionnelle du ministère des Affaires étrangères qui constituait à promouvoir les relations d’amitié et de coopération entre la Guinée et les autres pays du monde à travers ses missions diplomatiques, s’est orientée vers une diplomatie à dimension économique d’où la tenue de cette conférence diplomatique.
Aujourd’hui, selon le ministre, grâce à la vision du Pr Alpha Condé, la Guinée retrouve la place qui était la sienne sur le plan international. « Votre approche novatrice de développement, votre offensive diplomatique ainsi que les reformes profondes que vous avez engagées pour renforcer la crédibilité de notre pays et rehausser son image … ont contribué à améliorer sa visibilité sur la scène internationale. Dans le même élan, notre réseau diplomatique s’est diversifié avec des ouvertures d’ambassades, notamment dans les pays émergents tout en élargissant le cercle des partenaires et amis de la Guinée. Il va s’en dire que les résultats obtenus au cours de ces dernières années ont indéniablement donné la preuve de la renaissance de la Guinée qui fait désormais parler d’elle même tant par les progrès réalisés à l’intérieur du pays que par son implication dans la recherche de solutions aux défis globaux qui interpellent l’humanité. Effectivement la Guinée est de retour », a-t-il affirmé.
Reconnaissant les immenses progrès réalisés et conscient que beaucoup reste à faire, le ministre rappellera aux diplomates et aux cadres de son département le rôle qui leur est dévolu, le chef de la diplomatie dira ceci : « Je voudrais vous rappeler que la lettre de mission assignée à notre département par le premier ministre, chef du gouvernement, nous exhorte, entre autres, à tisser d’avantage des relations d’amitié et de coopération à promouvoir une diplomatie au service du développement de notre pays et à renforcer et coordonner la participation de la diaspora guinéenne au processus de développement économique et social. Nous devons donc mettre à contribution cette importante diaspora, valoriser ses compétences et l’accompagner davantage afin quelle joue pleinement le rôle qui lui revient dans nos efforts de développement socio-économique ».
Tout en précisant que la diplomatie demeure l’outil privilégié de promotion et de défense des intérêts des Etats à l’échelle international, il a indiqué que son département doit s’approprier tous les aspects de la politique nationale et œuvrer à la prise en compte des priorités dans des interactions avec le monde extérieur.
Aussi, le ministre renouvellera-t-il sa confiance aux diplomates et cadres de son département en ces termes : « je sais compter sur votre engagement pour soumettre des propositions concrètes et réalistes de nature à augurer l’avènement d’une culture au sein de notre département basée sur le mérite de l’excellence et dont la mise en œuvre en vaudra la décision du gouvernement ».
Pour terminer, Mamadi Touré rassurera le chef de l’Etat de la bonne foi de son département en disant ceci: « … en vous réitérant notre détermination, Monsieur le président, à vous accompagner dans la noble mission qui est la vôtre, celle de conduire notre pays dans le firmament de la prospérité partagée, je suis convaincu qu’avec votre soutien, votre soutien précieux, la diplomatie guinéenne à la hauteur de la mission que vous attendez de nous, celle de contribuer davantage à l’émergence de notre pays ».
Après ce discours, le maitre de cérémonie, avant d’inviter le chef de l’Etat à ouvrir la conférence, annoncera la projection d’un film documentaire sur l’action diplomatique du Président Alpha Condé dans la sous-région, sur le continent et dans le monde. Tout en mettant un accent particulier sur sa présidence en exercice de l’Union Africaine qui a révolutionné l’organisation continentale. Car désormais l’Afrique parle d’une seule voix.
Le Pr. Alpha Condé a ouvert ces travaux de la présente conférence avec son habituel franc-parler en insistant sur le rôle des diplomates avant d’égrener toutes les tares de la diplomatie guinéenne: « La première chose d’abord, c’est que le diplomate doit s’imprégner profondément des réalités de notre pays ainsi que de ses potentialités économiques afin de les faire connaitre. Deuxièmement, chercher les investisseurs. La Guinée est un pays ouvert à tout le monde pour une coopération avec tous les pays et surtout la coopération sud-sud. Ensuite, ils vont veiller à la situation de nos compatriotes, surtout l’immigration qui devient un phénomène grave pour l’Afrique. A travers nos voyages, j’ai souvent constaté, par exemple en Malaisie, on dit qu’il y a tel nombre de Guinéens en prison. Quand on est allé voir, on a constaté que les 80 % étaient des Ghanéens et des Nigérians. Mais ça, c’est le rôle des ambassadeurs qui doivent veiller constamment».
« Nos ambassadeurs ne font pas de conférence de presse. Alors qu’ils devraient faire appel régulièrement à la presse pour présenter les potentialités de la Guinée et attirer les investisseurs vers notre pays.
C’est pourquoi au cours de cette rencontre, chaque ambassadeur devra faire un exposé pour présenter les potentialités du pays où il est en poste et faire connaitre la qualité des hommes d’affaires qui viennent en Guinée afin de vérifier si ces hommes d’affaires sont sérieux ou s’ils ne le sont pas. Car, aujourd’hui, tous les Guinéens sont devenus des démarcheurs. Et depuis qu’on a signé l’accord stratégique avec la Chine, tous les jours il y a des Guinéens qui amènent des investisseurs. Je suis envahi de propositions venues de tous les côtés. Or, si les ambassadeurs jouaient leur rôle, je ne serais pas envahi.
Aussi beaucoup d’ambassadeurs en complicité avec le ministère des Affaires Etrangères ont vendu les biens de l’Etat. Ce qui est une autre honte pour la diplomatie guinéenne, c’est le fait qu’un ambassadeur possède une voiture de service vieille de 10 ans, alors que celles des autres sont plus luxueuses».
En matière de contrainte pour les diplomates, le président de la République reconnaît certaines difficultés : « Avec le programme contraignant du Fonds Monétaire International, les ambassadeurs n’ont pas de moyens. Malgré cela ils doivent jouer leur rôle. Les diplomates ont un autre handicap, c’est le fait que la plupart des ambassadeurs ne parlent pas l’Anglais. Mais ce handicap peut être surmonté en envoyant les jeunes DAF comme conseillers économiques dans les représentations diplomatiques ».
Enfin le Président Alpha Condé dénoncera les vols perpétrés par certains ministres. « Il y a certains ministres qui trichent en envoyant de l’argent dans les Ambassades et on les ramène une partie de cet argent ».
Une pratique du passé qui déshonorait la nation. C’est pourquoi le chef de l’Etat s’est demandé pourquoi les ambassadeurs ne refusaient pas de retourner cet argent puisqu’ils sont nommés par décret et non par arrêté. Donc aucune crainte de perdre leurs postes.
L’image qu’on retiendra de cette première journée de la conférence c’est la mobilisation de toutes les autorités politiques et administratives et les personnes ressources du pays pour marquer cet événement qui constitue une grande première dans le pays.
Le rendez-vous est pris pour ce mardi 30 avril 2019 pour la poursuite des travaux.
Par Bangaly Condé « Malbanga »