Un des chefs de l’opposition comorienne arrêté pour avoir refusé de reconnaître la réélection contestée du président Azali Assoumani a été remis en liberté lundi, avant de renoncer spectaculairement à ses critiques pour faire allégeance au régime.
Le colonel Soilihi Mohamed, plus connu dans l’archipel de l’océan Indien sous le surnom de « Campagnard », a été relâché en début d’après-midi après avoir été présenté à un juge du tribunal de la capitale Moroni.
Dans la foulée, il a distribué à la presse un communiqué dans lequel il « félicite (…) le prédisent Azali Assoumani pour sa réélection » et se « désolidarise » de ses collègues de l’opposition qui dénonçaient un « hold-up électoral ».
Chef de l’Etat de 1999 à 2006, réélu en 2016, le colonel Azali, ancien putschiste, a été réélu après avoir remporté le premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars avec 59,09% des voix.
Ses douze adversaires ont refusé de reconnaître sa victoire en arguant de fraudes massives, largement confirmées par la société civile comorienne et les observateurs internationaux.
Arrivé quatrième du scrutin, « Campagnard », un ancien chef d’état-major de l’armée comorienne très respecté, a été arrêté le 28 mars juste après avoir annoncé qu’il prenait la tête d’un « comité national de transition » (CNT) exigeant un nouveau scrutin.
Il était entendu depuis par les gendarmes de Moroni.
« Je mesure la lourde responsabilité qui aura été la mienne en appelant à la désobéissance civile », s’est-il repenti lundi.
« Je me désolidarise du CNT (…) quant à la teneur de ses déclarations dont la tournure fait fi de l’ordre public et de nos institutions », a-t-il ajouté dans sa déclaration, dénonçant des « forces souterraines de déstabilisation de notre pays ».
Les autres candidats de l’opposition n’ont pas réagi immédiatement à son inattendue volte-face.
Samedi, un des magistrats de la Cour de sûreté de l’Etat avait annoncé à la presse que l’officier à la retraite et au moins huit autres personnes actuellement en garde à vue seraient poursuivies pour avoir tenté de « déstabiliser l’Etat ».
Depuis des mois, l’opposition dénonce la « dictature » de M. Azali. Elle lui reproche notamment d’avoir dissous la Cour constitutionnelle, modifié la Constitution dans un sens qui pourrait lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2029 et ordonné l’arrestation de dizaines de ses membres.
AFP