La Guinée est à la croisée des chemins. De la pauvreté galopante au chômage exponentiel qui frappe de plein fouet le pays, l’État guinéen trouve une alternative rassurante à travers un processus d’industrialisation rapide et durable dans un cadre inclusif de nature à réduire la précarité sociale et à diversifier les sources d’une économie croissante et stable.
Le développement industriel durable et ordonné est un facteur clé et déterminant pour l’éradication des inégalités avec comme moyen de rééquilibrage dans le partage de la prospérité nationale.
La Guinée est-elle sur le chemin de rattraper son retard sur la quatrième grande révolution du monde ?
Rien n’est moins sûr ! Puisque la course contre la montre est désormais engagée. Et le rattrapage du retard dans le processus d’industrialisation du pays s’avère un pari fort à gagner pour Tibou Kamara, Ministre d’État, Ministre de l’Industrie, des PME et Conseiller Personnel du Chef de l’État.
Dans une démonstration clinique à l’occasion de la conférence hebdomadaire des membres du Gouvernement, le Ministre a épaté plus d’un. Du verbe aux chiffres, ponctué d’actes et de perspectives, le tout encadré par un cadre juridique et de politiques sectorielles très attractifs, l’homme a prouvé que la croissance économique passe nécessairement par des industries de pointe. Et la Guinée ne veut plus se faire conter cet événement indissociable aux aspirations d’émergence que caresse le Président de la République. Car, qui n’avance pas, recule.
« La Guinée sera le dragon industriel de la sous région », loin d’un verbiage, c’est un pieux rêve d’un Ministre très lucide, conscient de l’ampleur des défis, mais qui croit dur comme fer à son pays qui dispose d’un énorme potentiel industriel. Tout part selon lui, d’un rêve. Et la Guinée pourrait bien être un dragon industriel de par la volonté politique en cours et avec le grand bassin de confiance dont bénéficie le Pr. Alpha Condé à travers le monde et de l’attractivité du Code des investissements qui améliore le climat des affaires en instaurant un dialogue public-privé.
Le rêve est le début de toute réalité et le plus long trajet commence toujours avec un premier pas.
De nombreuses usines annoncées. Faut-il croire aux promesses ?
D’abord, le Ministre d’État, Ministre de l’Industrie et des PME est un homme assez prudent, très ambitieux mais qui ne se laisse pas avaler par la parole. Tout est mesuré chez lui et il sait où mettre le pas sans aucun zèle. Il ne prend jamais d’engagement quand il n’a pas l’assurance de son aboutissement. Grand calculateur, il lui est reconnu même le don de marcher sur des œufs sans les casser. C’est pourquoi, il fait partie des Ministres les mieux écoutés et respectés pour ne pas dire le seul de ce gouvernement. Une première raison.
L’autre, après des mois seulement passés à la tête de ce département, il vient d’inaugurer une usine de production des noix de cajou à Kankan avec plus de 500 emplois dont 80% féminin. Une usine de raffinerie d’huile de palme, d’arachide, de soja et de mayonnaise est annoncée dans les jours à venir ici même à Conakry. Pour un coût global de 50 millions de dollars d’investissement avec une capacité de production de 50 tonnes/jour soit un peu plus la demande nationale. Et à ce jour, quatorze (14) unités industrielles sont revenues au portefeuille d’État. Seize (16) autres sont en construction dans le pays conformément au cahier de charges qui inclut la dimension humaine et environnementale.
Les grandes perspectives
La projection d’investissements est de 28 000 milliards GNF avec la création de 21 500 emplois en faveur du nouveau Code des investissements.
C’est un homme qui presse le pas avec des solutions pragmatiques et fondées sur l’expérience avec d’autres pays qui sont aujourd’hui de grands modèles industriels à travers le monde. Le défi actuel est de reconnaître notre retard qui est d’ailleurs une opportunité pour le pays. Pour mieux répondre aux exigences du temps, en y apportant des contributions pour le bien commun, le Ministre d’État envisage :
– La qualification des PME, qui passe également par leur adaptation au besoin du marché. À cet effet, le Ministre d’État bénéficie d’un fonds de 30 millions de dollars avec la Banque Mondiale à travers la Société Financière Internationale (SFI) afin de permettre aux PME locales de mieux répondre aux besoins du marché avec une main d’œuvre locale qui ne sera pas victime d’une concurrence déloyale et sauvage,
– La mise en place d’une stratégie de rétrocession des 14 entreprises encore dans le portefeuille de l’Etat, basée sur l’évaluation financière et technique du requérant à relancer les activités industrielles ou d’autres activités sur la friche industrielle,
– La création d’un fonds de onze milliards deux cent onze millions de francs guinéens(11.211.000.000 gnfs) pour soutenir 560 micro entreprises ; pour la création de 2.124 emplois,
– Un programme de renforcement des capacités de l’Institut Guinéen de la Normalisation et de la Métrologie (IGNM), qui va se doter d’équipements nouveaux pour faire des analyses et le contrôle requis sur place pour protéger le consommateur en s’assurant de la qualité des produits. Le Ministre est ferme. La Guinée ne sera pas la poubelle du monde,
– Soutenir la mise en place de structures spécialisées dédiées à la formation et à l’amélioration de la compétitivité du secteur privé guinéen,
– Opérationnaliser le Fonds de développement industriel et des PME ainsi que l’Agence d’aménagement des zones industrielles,
– Promouvoir le Partenariat public-privé pour l’aménagement et l’exploitation des Parcs industriels ainsi que le Centre pilote de technologie industrielle ; etc.
Le secteur de l’industrie et le secteur privé ont un rôle crucial dans une économie diversifiée. Et la stratégie de croissance économique durable et inclusive se fera avec la restructuration de la Politique industrielle, l’innovation et le soutien aux PME. C’est pourquoi, l’État guinéen a bien voulu récompenser avec des primes les meilleurs dans chaque catégorie. Les Gouverneurs, les Préfets et les Sous-préfets bénéficieront à la fin de chaque mois d’une enveloppe d’encouragement. C’est un fruit du Contenu local à travers l’ANAFIC.
L’inquiétude d’un tissu industriel en voie de disparition renoue désormais avec un regain de dynamisme industriel. La Guinée pourrait bien figurer et même en bonne place parmi les pays pilotes qui balisent le chemin industriel de la sous-région. C’est ce rêve que caresse le Ministre Tibou Kamara qui se veut très pragmatique avec des réponses appropriées.
Le retard industriel de la Guinée doit une être une autre opportunité à saisir.
Et oui, cela est encore possible avec le Ministre d’État Tibou Kamara !
Par Habib Marouane Camara
Journaliste et Analyste Politique