Mamadou Bobo Bah a lui aussi sauvé le béret rouge à Bambéto : ‘’il m’a dit ‘’m’mali kha kéli yandi Allahbè »
Mamadou Bobo Bah est coordinateur de la Cellule Balai citoyen à Ratoma. Avant le motard Ousmane Kaba qui a été un héros de la violence sur le capitaine Vivien Gérard, Bobo a lui aussi donné sa vie pour sauver le militaire qui a été passé à tabac par les jeunes à Bambéto. Il a témoigné…
J’étais déployé hier (vendredi, ndlr) sur le terrain pour la cérémonie funèbre d’un des jeunes tués la semaine dernière à Wanindara.
Au cimetière de Bambéto, le bureau politique de [l’UFDG] était en train de faire des discours, c’est en ce moment que le militaire qui était de passage, venait du camp Alpha Yaya d’après mes informations. Il était à moto et d’après l’un des membres de sa famille, il a appelé un conducteur de taxi moto qui se trouve vers chez lui pour venir le chercher au camp. Pendant que le motard passait, il n’y avait rien et ne savait pas que l’enterrement était prévu ce jour. Au retour, il y avait l’enterrement. Les jeunes qui étaient très remontés par le fait qu’un des leurs a été tué dans des circonstances que nous tous déplorons ont vu ce militaire en tenue. Il n’ont pas cherché à savoir qui il est. Comme ce sont les militaires qui ont été incriminés ces derniers jours dans les assassinats, automatiquement ils l’ont attaqué. Ils ont commencé à lui donner des coups et à lui jeter des pierres qui venaient de partout. Directement, les leaders politiques qui étaient là ont commencé à calmer les jeunes mais en vain. Eux-mêmes ils se sont finalement enfuis. Moi, j’étais là, j’ai commencé à bloquer les jeunes pour leur dire : “attention, il ne faut pas le tuer. Si vous le tuez, ce n’est pas bon. Il est citoyen avant tout. Ce n’est pas parce que des jeunes sont tués qu’il faut se rendre justice. Laissons la justice faire son travail et jouons à l’apaisement et au calme”. J’ai essayé de le couvrir, les jeunes furieux l’ont amené jusqu’à côté de ma moto. Le militaire ensanglanté s’est couché. Quand on le frappait, certains venaient le cogner violemment et d’autres le poussaient pour qu’il tombe. Ma moto a même payé les frais. Il y a encore les traces sur le réservoir et sur le moteur de ma machine. Tout ce que je portais était en sang, y compris ma moto. Heureusement, les enfants ont fini par comprendre mon cri de cœur. Et d’autres jeunes leaders sont venus m’aider à repousser les jeunes et à les calmer. C’est ainsi qu’ils ont laissé le militaire. Il était allongé là, j’ai appelé Koundouno (responsable de Balai citoyen) pour lui dire qu’un militaire a été agressé, d’informer les unités pour qu’elles amènent une ambulance pour le transporter à l’hôpital. Après il y a eu deux jeunes qui sont venus à moto, ils l’ont mis sur la moto pour le transporter à l’hôpital. Moi, je ne pouvais pas. Quand il a retrouvé conscience, lui-même m’a dit en soussou de l’aider à se lever: ‘’m’mali kha kéli yandi Allahbè’’. J’ai dit: ‘’non’’. Il faut rester couché, l’ambulance vient vous chercher. Parce que moi j’avais peur qu’il ne se relève et que les gens l’agressent à nouveau. C’est comme ça qu’il est resté couché jusqu’à ce que les motards [dont le nommé Ousmane Kaba] sont venus et sont partis avec lui. Bien sûr, il était couvert parce qu’il saignait beaucoup. (…).
Mediaguinee
Merci au grand journaliste de rfi Mouctar bah dont le reportage a jeté l’enfant des autres en pature à la vindicte populaire.
Standing ovation pour le courage et l’inspiration extraordinaire des deux compatriotes, Mamadou Bobo Bah et Ousmane Kaba, et dont l’action salutaire a empêché que la situation dans ces quartiers difficiles, ne s’empire.
Voilà la preuve que ce pays a encore des hommes de haute vertu et qui n’accepteront jamais que leur pays plonge dans les ténèbres de la confrontation ethnique et communautariste absurde. Ils méritent clairement, notre reconnaissance.
Dieu le Très Haut, leur rende le centuple de leur bravoure et de leur bonne foi pour avoir sauvé au bon moment le jeune béret rouge de l’Armée Nationale, le Capitaine Vivien Gérard.
Mais encore une fois, nous sommes devant une situation désastreuse liée à l’échec de la politique sécuritaire du Gouvernement et à l’inefficacité pathétique du système judiciaire actuel.
Ce qui est en train de se passer sous nos yeux en haute banlieue de Conakry, à Banankoro, à Siguiri et un peu partout dans d’autres regions du pays, prouve à suffisance, la défaillance catastrophique de la Sécurité Publique et l’échec complet de la Justice.
Comment ce pays sera-t-il capable de soutenir le Plan National de développement économique et social durant les 2 prochaines années et dans une telle situation sécuritaire aussi calamiteuse que celle que la Nation vit en ce moment ?