Armée guinéenne : sa création, ses mutations, ses campagnes héroïques et ses audacieuses réformes !

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Pour garantir, sauvegarder l’honneur et l’indépendance de la patrie, au lendemain de la proclamation de souveraineté nationale le 2 Octobre 1958, le jeune gouvernement de la République de Guinée, avec à sa tête le président Sékou TOURE, nomma un secrétaire d’Etat à la Défense nationale rattaché à la Présidence de la République dès le  3 Octobre 1958.

Ce secrétaire d’Etat, le Capitaine Noumandian KEITA, avait pour mission principale, la création et la mise en place d’une véritable Force de défense nationale. Parallèlement, le 27 Octobre 1958, un secrétariat général chargé de la Direction et de l’organisation de l’Armée a été mis en place.

C’est sur les cendres fumantes de l’Armée coloniale française qui avait détruit les garnisons militaires, les armes, les documents importants et brûler les tenues militaires que l’Armée guinéenne a été créée.

A sa création, l’armée ne comptait que 737 hommes dont 50 sous-officiers et 687 hommes de rang, formés de 75 caporaux-chefs, 135 caporaux et 477 soldats qui se trouvaient en Guinée au moment de l’indépendance. Ils étaient regroupés au camp Général Gallieni, actuel camp Kèmè Bourema de Kindia. C’est là que le capitaine Noumandian Keita a eu à constituer les premières unités, le premier novembre 1958 et placées sous le commandement des adjudants Toya CONDE,  Aboubacar Tounkara et Amadou OULARE, sur une prévision de 18.000 soldats

Suite à un accord avec le gouvernement français, plusieurs autres soldats sont revenus au pays pour servir sous le drapeau de la Guinée indépendante tout en acceptant de perdre tout ce qu’ils avaient comme avantages ou privilèges au sein de l’Armée coloniale française.

Le désengagement des soldats guinéens sous le drapeau français s’est fait par vagues successives de trois contingents :

*le 1er contingent arriva au port de Conakry, le 22 novembre 1958 ;

*le 2ème contingent, le 31 décembre 1958 dans lequel se trouvait un certain… sergent Lansana CONTE en provenance d’Alger ;

*le 3ème contingent, essentiellement composé d’élèves soldats qui suivaient leur formation dans les écoles militaires coloniales, arriva à Conakry, le 18 juillet 1959.

Ces soldats mobilisés, ont fait l’objet d’un regroupement en deux Bataillons  et une Compagnie de Transit.

-Le 1erBataillon était basé à Kankan composé des soldats de la Haute Guinée et ceux de la Guinée forestière ;

-Le 2ème Bataillon était basé à Kindia, regroupant les soldats de la Basse Guinée et de la Moyenne Guinée ;

-La compagnie de transit de Guinée était quant à elle, basée à Conakry.

A la suite de ce regroupement, un vaste programme de réforme a fut entrepris :

1°)- Les rebaptisassions  des camps militaires le 7 avril 1959 :

-Camp Général Gallieni = Camp Kémé Bourema de Kindia (actuelle 1ère RM) ;

-Camp Général Markala = Camp El hadj Oumar TALL de Labé (actuelle 2ème RM) ;

-Camp Général Archinard= Camp Soundiata KEITA de Kankan (actuelle 3ème RM) ;

-Camp Capitaine Haquet = Camp Béhanzin de N’Nzérékoré (actuelle 4ème RM).

2°)- La création du Bureau de Recrutement national (BRN), le 14 Avril 1959 ;

3°)- La formation militaire : création de l’Ecole militaire interarmées en 1961

Il faut noter que le secrétariat général de la Défense nationale et de l’organisation de l’Armée a été remplacé le 18 Décembre 1958 par un Etat-major Général à la Défense nationale et à sa tête le capitaine Noumandjan KEITA. Il était assisté du Lieutenant d’aviation Kaman DIABY, nommé le 30 Décembre 1958 chef d’Etat-major général adjoint à la Défense nationale, cumulativement à sa fonction d’officier d’ordonnance du Président de la république Ahmed Sékou TOURE.

    De 1958 à nos jours, l’Etat-major Général a été dirigé par :

1. Général Noumandian KEITA 1958 – 1971

2. Général Namory KEITA 1971 – 1977

3. Général Toya CONDE 1977-1984

4. Chef de Bataillon Ousmane SOW 1984 – 1986

5. Chef de Bataillon Abou CAMARA 1986 – 1988

6. Colonel Finando Tidiane CAMARA 1988-1992

7. Capitaine de Vaisseau (Colonel) Sanoussy CONDE 1992 – 1995

8. Colonel oumar SOUMAH 1995 – 1996

9. Colonel Ibrahima Sory DIALLO 1996 – 2000

10. Général Kerfalla CAMARA 2000 – 2007

11. Général Diarra CAMARA 2007-2008

12. Colonel Oumar SANOH 2008 -2010

13. Général Nouhou THIAM 2010

14. Général Souleymane Kèlèfa DIALLO 2010 – 2013

15. Général Namory TRAORE, depuis février 2013.

Campagnes héroïques d’une grande armée

L’Armée guinéenne a participé aux luttes de libération nationale en Afrique, aux opérations de maintien de la paix et de missions d’observation au sein des Forces de la CEDEAO, de l’Union Africaine (U.A) et des Nations Unies (O.N.U).

Dans le Cadre des relations bilatérales

-1963-1974 en Guinée Bissau pour la lutte de libération nationale à côté du P.A.I.G.C (Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Bissau et les Iles du Cap vert) ;

– 1971 en Sierra Leone pour la restauration de la légitimité constitutionnelle après le renversement du régime du SIR Siaka STEVENS ;

– Janvier 1976 – Septembre 1976 en Angola auprès des F.A.P.L.A (Forces armées pour la libération de l’Angola) pour défendre la légitimité suite à une guerre civile entre les différentes formations politiques au lendemain de la proclamation de l’indépendance en 1975 ;

– 1977 au Benin, pour maintien de l’ordre lors d’une agression armée contre le régime par des mercenaires africains et européens (dont Bob Denard) ;

– 1979 au Liberia pour éviter la guerre civile lorsque le gouvernement du président Williams Tolbert a été menacé ;

– 1991-1996 en Sierra Leone.

Dans le cadre Sous Régional (ECOMOG)

-1990 – 1998 au Liberia ;

-1997 à 2000 en Sierra-Leone ;

-Juin 1998-Mars 1999 en Guinée Bissau.

Sous le mandat des Nations-unies

-Juillet 1960 – février 1961 au Congo Léopold ville, actuelle République Démocratique du Congo (RDC) pour maintenir l’ordre suite à la guerre civile ;

-1999-2003 au Sahara occidental (MINURSO) ;

-1996-1999 au Rwanda pour une assistance humanitaire au peuple rwandais ;

-1994-1997 au Burundi pour une mission d’observation militaire des Nations unies ;

-1995-1998 en République Démocratique du Congo (RDC) pour une mission d’observation des Nations unies pour la protection des réfugiés burundais et rwandais basés au nord Kivu ;

-2000-2003 en Sierra Leone dans le cadre de l’UNAMSIL.

Le 22 Novembre 1970 et au mois de Septembre 2000, l’Armée guinéenne a repoussé l’agression armée contre la Guinée et bouta hors du territoire guinéen, l’incursion de hordes rebelles venus des frontières Sud du pays. Cet exploit fût salué par les spécialistes comme une première mondiale où une rébellion ne réussi à occuper la moindre portion de terre du pays attaqué.

Actuellement l’Armée guinéenne a des observateurs militaires au Soudan, au Sahara, RD Congo, en Haïti, en Centre Afrique. Ceux qui avaient été déployés en Côte-D’Ivoire sont rentrés en Guinée après avoir participé à la pacification de ce pays frère. A cela s’ajoute la Mission des Compagnies Nimba 1 et 2 ainsi que le Bataillon GANGAN 1 GANGAN 2 et GANGAN 3 actuellement opérant au sein de la MINUSMA dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l’intégrisme religieux et l’extrémisme violent pour la préservation de l’unité et la stabilisation du Mali.

L’Armée guinéenne au cours de son histoire, a eu à prendre le pouvoir le 3 avril 1984 par le Comité Militaire de Redressement National (CMRN) dirigé par le Colonel Lansana CONTE.

A la mort du Général Lansana CONTE, Président de la République, le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) s’empara du pouvoir le 23 décembre 2008 sous la houlette du Capitaine Moussa Dadis CAMARA, qui devint président de la République, chef de l’Etat et président du CNDD.

Suite à un attentat perpétré contre le capitaine Dadis par son aide de camp, la transition a été conduite par le Général Sékouba KONATE après les accords de Ouagadougou. C’est à l’issue de cette transition que les élections présidentielles démocratiques ont été organisées en 2010 et remportées par Professeur Alpha CONDE, élu président de la République de Guinée.

Grandes reformes entreprises

Aujourd’hui, l’Armée guinéenne, plus que jamais engagée dans un processus de réforme, est en train de regagner sa place au sein des organes, organismes et  organisations internationales afin de jouer pleinement son rôle d’armée républicaine, apolitique, respectueuse des droits humains, soumise à l’autorité civile légalement établie, tout en participant au développement économique du pays.

C’est pourquoi, depuis son accession à la magistrature suprême, président de la république le Professeur Alpha CONDE a fait de la réforme de l’Armée, une des principales priorités de son programme de société. Cette réforme se fondant sur une volonté politique audacieuse, l’adhésion des Forces de défense a été totale. Ce à travers une nouvelle conception de la défense, la participation active à la construction d’un Etat de droit et la soumission de l’Armée à l’autorité civile légalement établie.

A cet effet, plusieurs activités ont été réalisées, notamment :

1-le démantèlement des barrages ;

2-la démilitarisation, la délocalisation des armes lourdes en dehors de la capitale Conakry et la construction des casernes (Bataillons d’Infanterie) ;

3-la rédaction des textes législatifs et réglementaires ;

– la politique nationale de défense et de sécurité (PNDS) ainsi que l’organisation générale de la défense ;

– Le statut général et les statuts particuliers des militaires ;

– le code de justice militaire et le statut particulier du personnel de la justice Militaire ;

– la rédaction, adoption et promulgation de la Loi de programmation militaire 2015-2020 ;

– le règlement de discipline générale ;

– le code de conduite des Forces armées.

Tous ces instruments et textes sont disponibles aujourd’hui au niveau de la chaine de commandement militaire et au niveau de chaque militaire. Ils sont fait l’objet de larges commentaires par les différents commandants d’unités au sein de leurs troupes.

Les réformes ont également abouti à :

l’érection de l’Etat-major de la Gendarmerie en Haut Commandement de la Gendarmerie et Direction de la Justice militaire ; le recensement biométrique des personnels des Forces Armées Guinéennes ; la démilitarisation des fonctions administratives de l’Etat ; la formation et le recyclage par vagues successives des militaires dans les écoles, centres d’instruction  et de recyclage ; la mise à la retraite de 4200 militaires des classes de recrutement de 1952 à 1975 ; la prise en compte de mesures immédiates pour l’amélioration du comportement des militaires : l’interdiction de voyager en tenue militaire avec ou sans arme ; la mise en place d’une patrouille diurne mixte pour appréhender les hommes en uniforme pendant les heures de service ;  le respect du code de la circulation routière ; l’interdiction de port d’armes et d’explosifs  dans les lieux publics ; le désengagement de l’Armée dans les opérations de maintien ou de rétablissement de l’ordre public ; l’interdiction des hommes en uniforme de participer aux mouvements de foule ; l’exécution d’actions civilo-militaires par la réalisation de travaux d’intérêt général au bénéfice de la population ; la vulgarisation des textes statutaires et règlementaires de la réforme du secteur de la Défense, la rédaction et vulgarisation du texte sur la notation du personnel du ministère de la Défense nationale.

Aujourd’hui, l’observateur attentif de la situation de l’Armée guinéenne, peut noter une nette amélioration du comportement des militaires et de leur relation avec la population civile. L’armée guinéenne est au service de la Nation et contribue activement au développement économique du pays.

L’armée guinéenne, une armée moderne et de métier, continue ainsi de jouer son rôle régalien à l’intérieur de nos frontières et apporte son soutien aux missions de maintien de la paix au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union Africaine (U.A) et de l’organisation des Nations Unies (O.N.U). Elle prend aussi une part prépondérante dans la mise en œuvre des initiatives sous-régionales, régionales et internationales dans le cadre de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Colonel Aliou Diakité

 

 

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