Tunisie : le ministre de l’intérieur limogé après le chavirement d’un bateau de migrants
Le ministre de l’Intérieur tunisien Lotfi Brahem a été limogé mercredi, en pleine controverse après la mort de dizaines de migrants au large de Kerkennah (est), ont annoncé les services du chef du gouvernement.
Le texte officiel ne fournit aucune précision sur le motif de ce limogeage, décidé à la suite d’une rencontre entre le Premier ministre Youssef Chahed et le président Béji Caïd Essebsi.
Mais il intervient après la mort, dans la nuit de samedi à dimanche, de dizaines de migrants –en majorité des Tunisiens- au large de Kerkennah (est). Leur embarcation a chaviré alors qu’ils cherchaient à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
Selon des sources proches du gouvernement interrogées par l’AFP, MM. Chahed et Brahem entretenaient des relations fraîches et ce limogeage était attendu, surtout après ce drame de Kerkennah, l’un des pires depuis le début de l’année avec un bilan encore provisoire de 66 migrants morts noyés.
« Le courant ne passait pas du tout entre les deux hommes », surtout après la visite du M. Brahem en Arabie saoudite fin février sans en avertir M. Chahed, a affirmé à l’AFP sous couvert de l’anonymat un responsable d’un parti au pouvoir.
Lors de cette visite, M. Brahem avait été reçu par le roi Salmane.
En fonctions depuis septembre 2017, Lotfi Brahem savait qu’il allait quitter son poste lors d’un prochain remaniement, a-t-on ajouté de même source.
Selon des médias locaux, le Premier ministre avait par ailleurs donné la semaine dernière à M. Brahem un ultimatum de 48 heures pour l’arrestation de l’ex-ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli, poursuivi par la justice militaire pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Ce dernier est toujours en fuite.
La dernière décision prise par Lotfi est le limogeage, mercredi, de responsables sécuritaires sur la base d' »investigations préliminaires » faisant apparaître qu’ils avaient failli, « de façon directe ou indirecte », dans le cadre du naufrage de Kerkennah, île qui connaît un « vide sécuritaire » de l’aveu même du porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Ce sont, au total, dix responsable de la sûreté nationale et de la garde nationale (gendarmerie) qui ont été limogés, dont les directeurs de la sûreté nationale et de l’unité des gardes-côtes de Kerkennah, ainsi que celui de la garde nationale à Sfax, la grande ville voisine.
AFP