Lutte contre la chenille légionnaire d’automne en Afrique : les USA en première ligne
A l’ambassade des États-Unis en Guinée a eu lieu mardi une conférence de presse téléphonique en présence d’une dizaine de journalistes guinéens. Il était question de parler de l’aide au développement des États-Unis pour lutter contre la chenille légionnaire d’automne en Afrique.
La chenille légionnaire d’automne est un ravageur originaire des Amériques qui envahit les cultures et s’est répandue dans plus de 30 pays d’Afrique. Ce nuisible pourrait causer des milliards de dollars de dommages à plus de 80 cultures différentes dont les aliments de base comme le maïs et le riz, et exposer des centaines de millions de personnes à la famine.
À travers l’initiative « feed the future », l’USAID dirige les mesures du gouvernement américain pour combattre la chenille légionnaire aux côtés d’une large coalition de partenaires y compris du secteur privé, des universités, des donateurs, des institutions de recherches et les pouvoirs publics de certains pays.
En Guinée, la chenille légionnaire d’automne a été détectée en fin 2016 à Mamou et à Mali. Elle apparaît pendant la saison pluvieuse et s’attaque plus aux maïs. À Forécariah également, elle a déjà ravagé des cultures de tomates et de piment.
Mamy Kéita, spécialiste des questions agricoles et environnementales de l’USAID estime que le danger de la chenille légionnaire est plus que l’épidémie Ebola à cause de son cycle très rapide et ses déplacements par milliers. Après la phase nymphale qui dure 8 à 30 jours, survient la phase adulte. À cette phase, les adultes femelles vivent en moyenne 10 jours alors que la phase adulte peut aller jusqu’à 21 jours. La femelle peut pondre jusqu’à 1000 oeufs au cours de sa vie, car elle dépose une ooplaque de 50 à 200 oeufs à chaque ponte. Ces oeufs qui éclosent dans un délai de 2 à 3 jours passent à la phase larvaire qui dure 14 à 22 jours. Plus vulnérable pendant sa phase larvaire, la chenille légionnaire peut parcourir jusqu’à 1000km par nuit.
Cette chenille présente dans presque toutes les régions du pays a des conséquences sur la sécurité alimentaire qui est menacée et entraîne l’exode rural.
Mamy Kéita affirme que des efforts ont déjà été menés par l’USAID en collaboration avec une équipe du service de l’agriculture, qui a mis en place un projet à Mamou, Kindia et Dalaba.
Une équipe de travail s’est réunie pour la première fois le 6 mars 2018 à la FAO de Conakry pour réfléchir sur les apports au gouvernement et aux bailleurs afin de minimiser ses risques.
L’objectif du plan d’action vise à créer un réseau de surveillance d’alerte rapide, former des cadres et agents des végétaux par la mise en place d’un système continu sur la prospection des végétaux, renforcer les capacités du réseau d’informateurs, équiper les brigades de surveillance préfectorales, créer une émission interactive à la radio, acquérir des matériels roulant et la mise en place de dispositifs de prévention.
Comme moyen de lutte, il est question de l’utilisation de produits chimiques moins toxiques comme le phéromone et la réalisation d’une vidéo permettant de donner une visibilité sur les moyens de lutte.
Toutefois, l’aspect financier constitue un problème car selon le spécialiste de l’USAID, le budget pour les équipements s’évalue en milliards de francs guinéens. Néanmoins, Mamy Kéita considère que le plus important reste la sensibilisation.
Maciré Soriba Camara
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