Élections en Sierra Leone: les deux principaux candidats largement en tête (résultats partiels)
Les candidats à l’élection présidentielle des deux principaux partis en Sierra Leone ont remporté chacun plus de 43 % des voix, confirmant la forte probabilité d’un second tour, selon les résultats partiels publiés samedi par la Commission électorale.
Les habitants de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest gangrené par la corruption se sont déplacés en nombre mercredi pour élire leurs nouveaux président et vice-président, membres du Parlement et conseillers locaux.
Après la publication samedi par la Commission électorale nationale (NEC), de tout premiers résultats, portant sur 25 % des bureaux de vote dans chaque province, des heurts ont éclaté près du carrefour le plus fréquenté de Freetown, la capitale, entre partisans du pouvoir et de l’opposition.
« Des gens ont commencé à fêter les résultats, ce qui a énervé des passants », a expliqué à l’AFP un commerçant du secteur, Abubakar Sesay.
« Tout le monde a fui les incidents. Beaucoup de commerces ont fermé dans la panique », a ajouté M. Sesay, précisant avoir assisté à des jets de pierres.
Des sources policières ont fait état de blessés et de plusieurs arrestations.
Si aucun des 16 candidats à la présidentielle n’obtient 55% des voix, un second tour doit être organisé deux semaines après la proclamation des résultats du premier, une hypothèse d’autant plus probable que le sortant, Ernest Bai Koroma, ne pouvait se représenter, après deux mandats de cinq ans.
Son parti, l’APC, représenté par son ministre des Affaires étrangères Samura Kamara, et celui du principal parti d’opposition, le SLPP, l’ancien général Julius Maada Bio, distancent très largement les autres candidats, selon les derniers résultats publiés en début de soirée par la NEC, portant désormais sur 50 % des bureaux de vote dans chaque province.
Sur plus d’1,3 million de voix, M. Kamara en obtient 43,2 % et M. Bio 43,09 %, selon un communiqué de la NEC, rappelant que « ces résultats sont partiels » et que d’autres seront publiés par tranches de 25 %, jusqu’aux résultats complets.
Un ancien cadre du SLPP, Kandeh Yumkella, qui se présente au nom d’une nouvelle formation, la Grande coalition nationale (NGC), est crédité pour sa part de 6,69 % des voix dans cet échantillon.
En cas de second tour, il pourrait jouer le rôle d’arbitre entre les deux partis qui se succèdent au pouvoir depuis l’indépendance en 1961.
« Nous publierons des résultats crédibles et exacts », a expliqué à la presse le président de la NEC, Mohamed Conteh.
« Beaucoup d’entre nous s’occupent d’élections depuis longtemps. Nous avons connu la guerre, nous savons très bien ce qui est en jeu », a-t-il dit, en référence à la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts.
Les missions d’observateurs étrangers et de la société civile, notamment celle de l’Union européenne, ont salué une campagne généralement pacifique et le bon déroulement du scrutin, mais ont déploré une « augmentation des intimidations et des actes de violence dans la dernière semaine » de campagne et après la fermeture des bureaux de vote.
Le bilan de l’administration sortante est contrasté.
Si elle est parvenue à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays dévasté par la guerre civile, l’économie reste fragile après les chocs de l’épidémie d’Ebola en 2014-2016, de la chute des cours mondiaux des matières premières et la corruption a continué à prospérer.
AFP