Mini remaniement ministériel: un acte fort à la portée faible! (Par Karamoko Mady CAMARA)
Pendant quelques semaines, le pays a été confronté à une crise sociale ayant paralysée le secteur éducatif Guinéen. Et pour cause !
Le mouvement syndical de l’éducation a soumis au Gouvernement une plateforme axée sur un certain nombre de points de revendication – dont économie -.
Mais avant cela, un concours étriqué de recrutement d’enseignants s’est tenu en cours d’année scolaire avec pour conséquence immédiate d’être le centrifuge de cet imbroglio politico-administratif.
Politique, ce concours l’a été car dit-on, il a permis l’enrôlement de ‘’militants’’ du pouvoir resté sur le banc de la récompense. Il a été aussi administratif parce qu’initié par le Ministère en charge de la Fonction publique.
Seulement voila, ni la transparence qui devait prévaloir, ni la logique qui devait sous-tendre la démarche n’étaient au rendez vous. Malheureusement !
Il est de commune renommée que le sanctuaire organisationnel de ce concours a été profané par des soupçons de corruption, de favoritisme, de népotisme et de compromission.
Les indiscrétions des corrupteurs ou bénéficiaires de ces ‘’faveurs’’ ainsi que les révélations des agents contractuels ont tancé la conviction de l’opinion nationale et même internationale sur le bien fondé des accusations portées à la charge des organisateurs du concours.
De ces agents contractuels, parlons-en ! Ne sont ils pas les acteurs et victimes de cette maladresse, pardon, de cette machination qui a coûté le poste à deux thuriféraires du Gouvernement – sur le cas desquels nous reviendrons -? Eh bien oui.
L’opinion s’est en effet offusquée de constater que pendant près d’une décennie ces contractuels de l’éducation ont servi la nation avec ce statut ‘’précaire’’ avant d’être laissés pour compte, motif tiré de ce prétendu concours auquel, ils ne seraient pour la plus part pas admis affirme t-on du côté du Gouvernemental. Soit !
Cependant, une élémentaire logique voudrait qu’ils bénéficient d’un droit de ‘’préemption’’ dans ce qui pourrait se présenter comme une sorte d’OPA du pouvoir sur un système aussi névralgique et sensible que l’éducation.
Mais non, en lieu et place de cette démarche, ce sont plutôt des inepties de carence et d’incompétence de ces contractuels qui se tenaient pendant qu’ils ont été mis à l’épreuve des faits durant de longues années. Il en découle soit l’irresponsabilité du Gouvernement, soit son cynisme.
L’irresponsabilité dans l’hypothèse d’une mauvaise foi si et seulement si, le Gouvernement ignorait cet état de fait en contractant avec ces agents sans prendre ce minimum de précaution de procéder sur des bases de critères objectivement vérifiables.
Cynisme dans l’hypothèse d’une bonne foi, en admettant que le Gouvernement avait pleinement connaissance de cette situation et s’est obstiné à sacrifier l’avenir de plusieurs générations. L’un dans l’autre, il s’en sort blâmable.
Comme si cela ne suffisait pas, la question de la nouvelle grille attisa la feu d’autant qu’il portait foncièrement préjudices aux enseignants. L’autre déconvenue de trop !
Tentant de remédier à ces ‘’dérapages’’ la semaine sabbatique fut instaurée au grand dam des élèves et étudiants pour soit disant permettre aux nouvelles recrues de rejoindre les postes d’affectation.
FAUX ! Un fallacieux argument pour limiter les dégâts qu’une contestation légitime du corps enseignant aurait entrainés avec l’implication des élèves et étudiants déterminés à soutenir leurs encadreurs. Ce fut donc une fausse solution à un véritable problème. La suite nous la connaissons.
Face à ce drame national -Huit morts, une trentaine de blessés, des pertes matériels considérables – le Président de la République, qui bien qu’ayant précocement échoué à endiguer la crise était attendu aux fins de sanctions dans ce qui devenait ‘’l’Education Gate’’.
C’est finalement ce qu’il décida de faire : Sévir. Lundi 28 Février 2017, il se sert de sa redoutable arme constitutionnelle pour débarque les deux ministres au centre de la crise : Ibrahima Kourouma de l’Enseignement Pré universitaire et Sékou Kourouma de la Fonction Publique. Seulement voila, cet acte fort du Président de la République, a une portée faible. Il demeure pour ainsi dire un acte au gout inachevé.
D’abord par ce que, constitutionnellement, le garant du dialogue social reste le Premier Ministre en vertu des dispositions de l’article 58 de la constitution. Malheureusement, celui si, taciturne a brillé par son indifférence [totale] et son absence de pro activité. Il est constant donc qu’il a failli à une mission régalienne qui lui incombe. Il n’a pas hésité à esquiver les ‘’hyper cuts syndicaux’’ pour laisser le Président de la République prendre les coups directement. Sans ménagement, l’autorité devait sévir vigoureusement en faisant sauter ce fusible non fonctionnel qui a laissé traverser un voltage qu’il était supposé maitriser pour eviter d’atteindre l’intégrité du système. Il devait partir. Oui, l’autorité aurait marqué de son empreinte la nécessite de raffermir son pouvoir tant bien que mal en point.
Ensuite, l’éventail de la sanction devait souffler sur plus que deux ‘’éléments d’un système dérégulé’’ pour toucher une brochette d’autres dignitaires du Gouvernement [Ministres] ayant eu une emprise ou de simples connexion avec la crise de près ou de loin ou de la présidence [Conseiller à l’éducation, conseiller stratégique, Directeur de cabinet] qui chacun en ce qui le concerne aura manqué d’anticipation et de stratégie pour éviter que ne soit affaibli la plus haute autorité [le syndicat a outre passé son implication personnelle alors qu’il est le dernier recours pour maintenir le mot d’ordre de grève].
Aussi, il est incongru, d’évincer un ministre répondant d’un manquement grave pour le remplacer par un conseiller principal qui, pris dans les conditions normales était un maillon de la chaine dont l’impact a produit ces nuisibles résultats puis que le rôle du conseiller est d’aviser son conseillé qui plus est encore, s’agissant d’un conseiller principal. Il est inimaginable qu’il soit mis hors de cause à plus forte raison lui donner les manettes d’une console dont il n’a pu se servir convenablement du manuel d’utilisation.
Enfin, n’eut été l’attardisme institutionnel du pays, [depuis 2010 toutes les institutions constitutionnelles devaient avoir été mises en place] ces partants et restants à partir devraient répondre d’une mise en accusation devant une haute cour de justice pour s’expliquer sur leur rôle présumé dans cette scabreuse affaire au départ, mais scandaleuse à l’arrivée.
Monsieur le Président de la République, votre ‘’faible force de frappe’’ depuis sept ans, mérite d’être muée en une ‘’ forte force de frappe’’ pour les trois prochaines années d’autant plus que vos choix des Hommes dans la mise en œuvre des politiques publiques issues de votre vision ne vous mette pas à l’abri des secousses car, ils se font mais vous défont. Pensez-y respectueusement.
Par Karamoko Mady CAMARA
Consultant Juridique