Antonio Guterres reste favori pour succéder à Ban Ki-moon
L’ex-Premier ministre portugais Antonio Guterres était toujours en tête lundi des candidats pour succéder à Ban Ki-moon comme secrétaire général de l’ONU, selon des diplomates. Il devance assez nettement le chef de la diplomatie slovaque Miroslav Lajcak.
A l’issue d’un troisième tour de scrutin indicatif au Conseil de sécurité, onze des 15 pays membres ont « encouragé »Antonio Guterres. Trois l’ont « découragé », c’est-à-dire ont émis un vote défavorable (un de plus qu’au scrutin précédent), et un était « sans opinion ».
Miroslav Lajcak a lui créé la surprise en remontant des profondeurs du classement, avec 9 voix pour, cinq contre et une sans opinion. La patronne bulgare de l’Unesco Irina Bokova et l’ancien ministre serbe des Affaires étrangères Vuk Jeremic arrivent en troisième position ex-aequo (7/5/3).
Chances accrues
C’est la troisième fois que M. Guterres, ancien Haut commissaire de l’ONU pour les réfugiés âgé de 67 ans, devance les nombreux candidats en lice. Ce qui accroît ses chances de sélection sans toutefois lui garantir d’être choisi.
Des diplomates notent que la dynamique en sa faveur constatée dans les deux précédents scrutins s’est confirmée. Guterres « reste largement en tête de liste », a déclaré à l’AFP un diplomate du Conseil, qui souligne que « les résultats tendent à se stabiliser ».
Susana Malcorra, ministre des Affaires étrangères argentine arrive en cinquième position, en léger recul, suivie de Srgjan Kerim, ex-chef de la diplomatie de Macédoine, et de l’ex-Première ministre néo-zélandaise Helen Clark. L’ancien président slovène Danilo Turk, qui apparaissait au début comme un possible candidat de compromis, recule encore, prenant la huitième place.
En octobre
En queue de peloton, on trouve l’ancienne ministre des Affaires étrangères de Moldavie Natalia Gherman, et la Costaricaine Christiana Figueres, ancienne négociatrice de l’ONU pour le climat.
Des diplomates estiment que le nom du successeur de Ban Ki-moon devrait être connu en octobre après un ou deux autres tours de scrutin, toujours à bulletins secrets. Il ou elle prendra ses fonctions en janvier.
Une tradition non écrite voudrait que le poste revienne à l’Europe de l’Est, seule région à ne pas encore avoir eu de secrétaire général. L’idée qu’une femme puisse diriger l’ONU, après huit hommes depuis la création de l’organisation, fait aussi son chemin. Mais l’importance de ces deux critères a fluctué au fil des scrutins.
Plus que dix
Les candidats étaient douze au départ et sont désormais dix: cinq hommes et cinq femmes, dont six viennent d’Europe de l’Est. L’ex-ministre des Affaires étrangères croate Vesna Pusic et Igor Luksic, ancien Premier ministre du Montenegro, ont jeté l’éponge.
Des diplomates s’attendent à ce que les candidats les plus mal placés en tirent les conséquences. « S’ils sont loin du compte, je les encouragerais à suivre l’exemple » de Mme Pusic et de M. Luksic et à se retirer, a déclaré à la presse l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft.
Le vote se déroule à bulletins secrets et les résultats ne sont pas annoncés officiellement mais communiqués à chaque candidat. Les ambassadeurs cochent les cases avec le même type de stylo pour éviter toute identification et les bulletins sont détruits chaque vote. Mais ce luxe de précautions n’empêche pas les fuites.
Cinq Grands indispensables
Au final, la nomination se joue entre les cinq grandes puissances membres du Conseil (Etats-Unis, Royaume-uni, France, Chine, Russie) qui ont un droit de veto et peuvent bloquer un candidat. Le prochain secrétaire général devra rassembler sur son nom au moins neuf votes positifs et n’être barré par aucun des cinq Grands.
L’actuel secrétaire général Ban Ki-moon quitte son poste à la fin de l’année, après deux mandats de cinq ans.
ats