La justice américaine a innocenté jeudi un ancien marin emprisonné depuis 33 ans, condamné par erreur pour le viol d’une femme et le meurtre de son mari en 1982. L’homme, âgé de 59 ans, a toujours clamé son innocence. Un autre marin avait commis les méfaits.
La décision de la cour suprême de l’Etat de Virginie risque de relancer le débat très actuel sur les lacunes du système judiciaire américain, accusé de donner la priorité à l’incarcération à outrance et de favoriser une « justice de classe ».
L’homme avait été accusé d’avoir fait irruption au domicile d’une famille vivant dans la ville portuaire de Newport News, d’avoir mortellement frappé le mari avec un pied-de-biche et d’avoir violé sa femme, tandis que les trois enfants du couple dormaient à côté.
Une expertise avait alors conclu que l’empreinte d’une morsure subie par l’épouse violée correspondait à sa dentition. Il avait été condamné à la réclusion à perpétuité.
Nouvelle expertise ADN
Trois décennies après cette expertise erronée, c’est finalement une autre expertise qui a permis de blanchir le prisonnier. Des analyses ADN ordonnées en 2015 ont en effet prouvé que le viol et le meurtre avaient été perpétrés par un autre marin, décédé depuis en prison, où il se trouvait pour un autre motif.
« La cour reconnaît l’innocence du prisonnier et annule ses condamnations pour meurtre, viol, sodomie imposée et vol », a écrit la cour suprême de Virginie dans son arrêt. La haute juridiction a également ordonné la libération immédiate de l’homme.
En 2015, les Etats-Unis ont reconnu l’innocence de 149 personnes injustement condamnées. Ce nombre record ne représente toutefois qu’une « goutte d’eau » dans un océan de dizaines de milliers d’erreurs judiciaires, selon un rapport publié en février par l’école de droit de l’université du Michigan.
ats
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