L’artiste guinéen Karfala Kanté a dévoilé les secrets de son nouvel opus ce vendredi 22 avril 2016 dans un Méga Concert à l’hôtel Palm Camayenne où sur une scène pavée de guirlandes, les fans et les grandes personnalités ont eu le privilège d’écouter et de danser la chanson rythmée dans laquelle l’oiseau de Sankaran rend un vibrant hommage à un des dignes fils de la Guinée, le feu Lansana Sakho qui a eu un parcours exceptionnel et enviable tant dans la diplomatie que dans l’administration. C’était dans une ambiance émouvante et pathétique.
L’artiste émérite a rappelé certaines œuvres de ce grand commis de l’Etat qui a servi loyalement les deux premiers régimes de sa chère patrie la Guinée.
D’abord au lendemain de l’accession de la Guinée à indépendance, quand le président Ahmed Sékou Touré a lancé un appel à tous les patriotes de la Guinée vivant à l’extérieur de venir apporter leur contribution à la construction de leur patrie nouvellement sortie du carcan du colonialisme français, les uns ont répondu positivement à l’appel, d’autres ont non seulement refusé de revenir au pays, mais aussi ont adhéré à un front anti guinéen de subversion et de sabotage du régime mis en place.
Lansana Sakho, administrateur rompu à la tâche était de ceux qui ont choisi leur patrie et accepté de mettre leur compétence à la disposition du jeune Etat qui avait à l’époque besoin de tout pour se développer.
Celui qui était assoiffé de culture, abonné au quotidien New York Times, admirateur inconditionnel du président Ahmed Sékou Touré et qui répondait à tous les articles critiques de la Guinée s’est décidé de rentrer au pays, malgré son diplôme de l’école d’administration de la prestigieuse Université Columbia qui lui prédestinait à une grande carrière dans une institution internationale ou dans une banque.
Guidé par son instinct patriotique, Lansana Sakho débarquera à Conakry dès après ses brillantes études et son stage au Secrétariat général des Nations Unies pour être au service de son pays.
C’est pourquoi, grâce à ses aptitudes intellectuelles et sa qualification, le premier fils d’El hadj Sékou Sakho gravira tous les échelons et deviendra un véritable roturier de l’administration guinéenne.
Humble, intègre et très respectueux, le parcours de ce grand administrateur, qui a eu ses lettres de noblesse à la tâche, ne souffre d’aucune ombre, il est exhibé ici à la face de ceux qui rechigneraient encore.
Inspecteur des Affaires Administratives et Financières au ministère du Contrôle Economique et Financier dès 1969, Chef de cabinet au ministère du Commerce en 1971 et Inspecteur général du commerce au ministère du Domaine des Echanges en 1972.
C’est à partir de cette date que le jeune Lansana Sakho commencera son ascension fulgurante et deviendra un commis incontournable de l’Etat. Il sera ainsi de 1972 à 1979 directeur de cabinet de plusieurs ministères, notamment du Domaine des Echanges, des Transports et des postes et Télécommunication.
Remarqué par l’excellent travail qu’il a fait dans ses différents départements ministériels, l’homme providentiel sera nommé en 1979 directeur de cabinet du premier ministre chargé du plan et secrétaire général de la communication technique interministérielle chargé de l’examen et de l’approbation des accords avec l’étranger.
Sa carrière diplomatique débutera en 1983 quand il devient ambassadeur de la Guinée en Allemagne Fédérale, en Autriche et à Viennes.
Comme en politique rien n’est fortuit, et encore moins, le choix des hommes. Ce grand « cuirassier » de l’administration qui est un natif, privilège qu’il partage avec beaucoup, mais sans pour autant les ressembler, fut rappelé au pays par le général Lansana Conté en 1997 qui a remarqu« ses mérites, sa classe , ses compétences et sa discrétion pour servir au secrétariat à la présidence. Il y travailla avec dévouement et distinction. L’homme qui ne passait plus inaperçu dans les corridors du sérail avait sa marque dans dans presque tous les discours du président de la république. Il était sollicité par les plus hauts responsables pour la rédaction des discours politiques. Assistait à toutes les réunions administratives et politiques au cours desquelles il faisait des interventions remarquables et des rapports conséquents au chef de l’Etat. Traduisait tous les documents officiels grâce à sa maitrise de l’anglais et du français. Lansana Sakho fut une référence pour la majorité des politiciens guinéens.
C’est ce parcours rarissime qui lui a valu sa décoration de la légion d’honneur française par le président Jacques Chirac le 21 septembre 1999 à Paris.
Cet hommage à de Karfala Kanté à l’ancien diplomate devant les siens et les invités à ce Méga Concert est venu vanté, les mérites d’un grand homme qui a consacré sa vie au service de la nation.
Emue par cette marque de reconnaissance de l’artiste, la famille Sakho offrira un billet d’avion aller-retour à Karfala pour la réalisation de ses clips à l’étranger et un véhicule 4X4.
Plusieurs témoignages concordants ont déploré le fait que les autorités guinéennes ne rendent jamais hommage aux personnes qui ont exceptionnellement servi leur patrie sauf après leur mort. Les exemples sont légions. « Pendant le premier régime les grands serviteurs de la patrie étaient toujours honorés de leur vivant… ». Déclarera un proche de la famille.
A quand la reconnaissance de l’Etat à l’égard des patriotes qui ont servi la nation comme le feu Lansana Sakho ?
Bangaly Condé « Malbanga »