Les vérités crues d'Erdogan au sommet de l'OCI: "lors du Sommet pour la sécurité nucléaire aux États-Unis, j'ai constaté que les participants parlent des attentats de Paris et de Bruxelles, mais pas de ceux d'Ankara, Istanbul ou Lahore. Ce double-discours nous attriste"
Présidant l’ouverture, jeudi à Istanbul, du 13ème Sommet de l’Organisation de la Coopération islamique (OIC), le chef d’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, a insisté sur les questions de l’oppression des sociétés musulmanes, du terrorisme, des femmes et de l’arbitrage économique.
«Nous devons nous mobiliser rapidement pour agir de manière concrète pour la Justice et la Paix, ces valeurs qui sont au coeur de notre Sommet aujourd’hui. Car, des quatre coins du monde, les cris des innocents retentissent. Malheureusement, la majorité de ces pleurs sont ceux des musulmans. Je sais que le monde musulman attend avec espoir les messages que nous allons lui adresser depuis Istanbul», a-t-il déclaré.
Mettant l’accent sur les tensions inter-confessionnelles et le racisme, le Président turc a dit: «Ma religion n’est ni le sunnisme ni le chiisme, c’est l’Islam. Toutes les distinctions sont moins importantes que cette réalité. En tant que pays musulmans, plus nous nous affrontons, plus les innocents attendant notre aide s’enfoncent dans des problèmes. C’est pourquoi nous ne devons pas être du côté de la séparation mais de l’unification. Car seuls les Musulmans et les pays islamiques subissent les conséquences de ces attaques et de cette haine.»
Erdogan a estimé par ailleurs que le terroriste et cette vague et la violence «sont aujourd’hui l’un des plus grands maux du monde islamique», et a rappelé qu’en dehors de quelques actions, l’ensemble des actes de violence d’al-Qaïda, Daech, al-Shaabab ou Boko Haram vise les musulmans.
«Ceux qui, tous les jours, agissent avec cruauté contre les innocents, qui leur arrachent la vie et confisquent leurs biens, ces organisations terroristes, ne peuvent pas prétendre agir au nom de l’Islam. Car notre religion est la religion de la Paix», a-t-il souligné.
Erdogan a regretté que les pays musulmans attendent l’intervention des forces extérieures pour régler des problèmes, comme celui le terrorisme. Il a noté que ces pays, victimes de ce fléau, doivent y apporter eux mêmes des réponses grâce à l’alliance islamique.
«Pourquoi ce sont les autres qui interviennent? Quand ils interviennent, ce n’est pas pour garantir la paix mais pour le pétrole», a-t-il soutenu, expliquant que «tous les Musulmans devraient contribuer à une solution durable et juste pour Chypre, afin de retrouver l’équilibre qui avait été dégradé injustement au détriment de la Turquie. De même, des sociétés dans les Balkans, en Asie du Sud-Est et en Afrique ont besoin de soutien. L’annexion de la Crimée aussi, où nos frères sont opprimés et victimes.»
Le président turc a annoncé qu’il a proposé qu’ «Istanbul accueille le Centre de Coopération et de Coordination de la Police de l’OCI», ajoutant: «Notre proposition a été retenue et je vous remercie pour ce soutien». Car en plus de lutter contre les terroristes sur le terrain, il faut aussi lutter contre le financement et le recrutement, a-t-il affirmé.
A ce propos, Erdogan a aussi accusé l’Occident d’indifférence à l’égard du monde islamique: «Lors du Sommet pour la sécurité nucléaire aux États-Unis, j’ai constaté que les participants parlent des attentats de Paris et de Bruxelles, mais pas de ceux d’Ankara, Istanbul ou Lahore. Ce double-discours nous attriste. Nous devons lutter de la même manière contre toutes les formes de terrorisme.»
Les deux capitales européennes avaient été le théâtre d’attentats terroristes en novembre 2015 (Paris, 130 victimes) et en mars 2016 (Bruxelles, au moins 34 victimes).
Les attentats du 17 février et du 13 mars à Ankara ont fait 62 victimes au total. Une attaque précédente, le 10 octobre devant la Gare centrale, avait fait une centaine de victimes et des centaines de blessés. Par ailleurs, deux attentats commis à Istanbul le 12 janvier et le 19 mars, ont fait 18 victimes.
Quant à Lahore, les terroristes ont tué 72 personnes dont la majorité des enfants, dans un parc d’attraction durant Pâques, le 27 mars.
Anadolu