L’étiquette de démocratie qu’on colle au Sénégal est-elle un mythe ou une réalité? [Youssouf Sylla]

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Le premier président Sénégalais, Léopold Sédar Senghor, fera 20 ans au pouvoir. En 1981, il transmet, sans la moindre élection, le pouvoir à Abdou Diouf, qui à son tour, occupera le fauteuil présidentiel pendant 20 bonnes autres années.

Youssouf Sylla, analyste

En 2000, usé par le pouvoir, Diouf perd les élections, et le cède à Abdoulaye Wade. C’est la première alternance démocratique au Sénégal depuis 40 ans. Après deux mandats successifs, Wade brise sa promesse et s’engage pour un troisième mandat, par une interprétation orientée de la constitution. Il perdra cependant dans les urnes contre Macky Sall en 2012.

Après deux mandats successifs, Macky Sall reprend à son compte la jurisprudence Wade sur le troisième mandat. Il estime desormais que la chose est constitutionnellement jouable, alors qu’il avait pourtant écrit et dit qu’il ne franchira jamais ce pas.

Pour s’éterniser au pouvoir, les présidents Sénégalais ont quasiment recours au même procédé: l’intimidation judiciaire des adversaires politiques. Senghor avait réussi à éliminer son premier ministre Mamadou Dia, en le faisant condamner par la Haute cour de justice, à la prison à perpétuité. Diouf, lui avait réussi à tenir Wade à distance du palais, en le jetant de temps à autres en prison. Au pouvoir, Wade emprisonnera aussi son ancien premier ministre, Idrissa Seck, entre temps devenu son rival. Aujourd’hui, le régime de Macky Sall crée toutes les misères à Ousmane Sonko, qualifié par ses partisans d’anarchsite. La justice vient de le condamner à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse, faute de preuves pour viol d’une jeune masseuse à Dakar.

Si le Sénégal a la réputation d’être un pays stable, c’est en grande partie, à cause du niveau d’éducation de sa population (une élite sophistiquée), de la retenue de son armée, et du rôle que ne cesse de jouer ses confréries religieuses en faveur de la paix. Mais non à cause de sa vitalité démocratique, du reste contestable au regard des difficultés historiques d’alternance démocratique à la tête de l’Etat. La stabilité et la démocratie peuvent certes coexister. Mais elles ne sont pas à confondre. La Corée du Nord est stable de l’intérieur (on entend pas une mouche y voler) mais elle n’est pas une démocratie au sens libéral du terme. L’idéal étant d’avoir le binôme démocratie/stabilité. Le fonctionnement de ce binôme reste un autre sujet passionnant à débattre.

Youssouf Sylla, analyste

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