Gestion de la transition par le CNRD : Kalémodou Yansané dresse un tableau sombre, hormis le procès du 28 septembre

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Hier mardi il a fait exactement deux (2) ans, depuis que les affaires du pays sont gérées par les nouvelles autorités, réunies au sein du Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD). À date, au-delà des divergences, de vives critiques pleuvent à quelques heures de la célébration de l’An 2, de la prise du pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya, à la suite d’un coup d’État perpétré le 05 septembre 2021 contre le Professeur Alpha Condé. Interrogé par notre rédaction, un des vice-présidents de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a révélé beaucoup d’insuffisances, même s’il a de passage salué l’ouverture du procès du 28 septembre 2009, 13 après les atrocités.
Mediaguinee.com : Quelle lecture faites-vous des deux (2) ans de gestion des affaires du pays par le CNRD?
Kalémodou Yansané : À mon niveau, le bilan est mitigé, parce que pour faire le bilan du CNRD, il faut partir du premier discours du CNRD et la charte que lui-même a publiée. Donc tout ce qu’on doit dire sur le bilan c’est par rapport à son discours et à la charte. Par rapport au discours. Il a parlé de la justice qui est instrumentalisée, il a parlé du népotisme, il a parlé de clientélisme, et beaucoup de choses… Par rapport à la justice, vous-même journaliste vous constatez qu’il y a trop de bisbilles. Deuxième chose, vous savez que le domicile de Elhadj Cellou Dalein Diallo a eté démoli alors qu’il y avait une plainte à la justice qui n’avait pas été tranchée. Cela, ce, n’est pas juste à mon niveau. Des leaders d’opinions Ibrahima Diallo, Foniké Menguè, Billo, ont été arrêtés de façon brutale. Ils ont passé pratiquement 8 mois en prison et le juge a estimé qu’il ne sont coupables de rien, et là aussi c’est un grand manquement sur le plan juridique.
Si nous prenons le plan des droits de l’homme, dans la charte, il est dit que rien ne doit empêcher les citoyens à exprimer leur désaccord face aux décisions qui sont prises à travers les manifestations et donc décret est pris pour interdire systématiquement, toutes les manifestations. Donc sur le plan de la justice, je pense qu’on a raté, sur le plan de droit de l’homme également on a raté. Sur le plan politique, nous avons beaucoup de leaders qui sont contraints à l’exil, si vous prenez le leader de l’UFR, notre président (UFDG), sont contraints à l’exil. Là également, pour nous c’est un manquement. Il y a d’autres leaders, Kassory Fofana, Mohamed Diané et d’autres, qui sont en prison et jusqu’à présent nous n’avons pas vu concrètement ce qu’on leur reproche. C’est un manquement très grave.
Le président a parlé du culte de la personnalité. Ce qu’on voit ici c’est un peu le temps de la révolution. Ensuite ils ont décidé qu’ils ne veulent pas de soutiens, mais nous apprenons qu’il y a des concerts de soutien qui sont organisés, c’est trop.
Toujours en termes de bilan si vous prenez le domaine de l’éducation, il faut reconnaitre qu’il y a eu vraiment de l’échec scolaire l’année dernière. Il y a eu moins de 30% des admis cette année, on a eu moins de 50% des admis. Nous constatons à ce niveau qu’il y a vraiment un échec, et on entend également les contractuels qui font vraiment du boulot à l’intérieur du pays même si certains n’ont pas le niveau mais qui doivent à l’Etat. Il paraîtrait que c’est près de 5 mois de salaire…Moi j’ai un village chez moi, il y a un seul enseignant pour les 6 classes de la première année à la 6ème. Donc je peux dire qu’au niveau de l’enseignement il y a vraiment un échec scolaire, il y a des améliorations plus ou moins au niveau de l’enseignement technique et l’enseignement peut-être supérieur, il y a des annonces qui peuvent encourager mais globalement il y a un échec.
Sur le plan économique, je n’ai pas les données, je ne peux pas me prononcer sur le plan économique, mais le rôle d’une transition ce n’est pas de s’attaquer au développement de l’Etat. Pour être honnête, le seul aspect qui fait bémol chez moi pour le CNRD, c’est l’ouverture du procès du 28 septembre. C’est scandaleux d’assister à des viols massifs de femmes, des tueries massives au stade et que cela reste des années sans aucun procès. Le fait de lancer ce jugement pour moi est à saluer, si vraiment le procès continue à l’allure à laquelle il se déroule, c’est à saluer.
Deuxième chose qu’on peut signaler, c’est la continuation des projets avec les Chinois, le financement que le premier ministre Kasssory Fofana, sous le régime d’Alpha Condé a négocié avec la Chine pour la route de Coyah à Mamou, même si le projet est très mal fait et certaines réhabilitations dans la voirie. Le fait de continuer ce projet, on peut dire que c’est une bonne chose. Malgré le désagrément que nous avions signalé, mais le fait de continuer un projet… C’est ce qui a avancé le Sénégal. Tout ce que Diouf a laissé, Wade a continué et tout ce que Wade a commencé, Macky Sall l’a continué. C’est ce qui fait que le Sénégal avance, mais chez nous, vous êtes président aujourd’hui, vous faites un projet, vous commencez, il avance bien quelqu’un d’autre vient, il met fin à ce projet et il reprend un autre. Donc pour moi le bilan est globalement négatif, sur tous ces plans. Et le CNRD n’a pas que faire 2 ans au pouvoir, le CNRD a pour mission normale de liquider les affaires courantes, de ramener le pays, ses institutions sur la nouvelle base et laisser les politiciens diriger le pays conformément à ce qui se passe à travers le monde.
 Mediaguinee: À vous entendre, c’est comme si la majorité des acteurs politiques ont tous  déploré les échecs dans toutes les démarches entreprises par le CNRD et son gouvernement, notamment l’organisation d’un dialogue sincère pour les négociations. N’est-ce pas ce que vous dites ?
Kalemodou Yansané: On a entendu parler du dialogue, il y a eu des rencontres qui ont été faites, il y a eu des mobilisations à l’intérieur du pays, il y a eu des vulgarisations. Mais pour moi, je ne vois pas le résultat concret sur le retour à l’ordre constitutionnel. Le dialogue, ce n’est pas avec 50 personnes, ce n’est pas avec 1000 personnes, si on veut faire un dialogue, le gouvernement est partie, il n’est pas décideur, il est là, les forces vives sont là et les facilitatrices… Les forces vives présentent leur vision de la chose, le gouvernement présente sa vision, on discute, les facilitatrices interviennent et on trouve une solution. La solution qui est trouvée là est approuvée par ceux qui sont au dialogue et transmis à qui de droit, pour prendre la loi, mais ce n’est pas une commission qui va se réunir qui va faire prendre cette recommandation au pouvoir, au gouvernement. Quitte au gouvernement de prendre ou de ne pas prendre ça, c’est pas un dialogue. C’est pourquoi les partis les plus importants jusqu’à preuve du contraire les plus importants qui ont eu des maires, des députés, qui ont eu beaucoup de militants aux élections c’est Ufdg, le Rpg arc en ciel, et Ufr. Si vous prenez ces 3 entités, vous collectez tous les résultats qu’ils ont eus depuis 2010 jusqu’à aujourd’hui, tout ce qu’on évolue que ça soit l’assemblée, les résultats aux communales, à la présidentielle, ils font plus de 80% de l’électorat guinéen, si vous les botter à la touche et vous dites que vous voulez faire quelque chose de solide ce n’est pas possible.
Mediaguinee: Que dites-vous de la célébration du 05 septembre qui marque la deuxième année d’existence du CNRD ?
Kalemodou Yansané: fêter le 5 septembre pour moi, n’est pas une bonne chose. Fêter le 22 novembre 1970, l’agression portugaise, est une bonne choses. Fêter le 2 octobre ou le 28 septembre, c’est une bonne chose, mais fêter un coup d’Etat au cœur duquel il y a eu malheureusement des morts, pour moi ce n’est pas à fêter et face au bilan que je viens de dénoncer. Fêter ce bilan là, c’est se moquer des Guinéens franchement. Si on doit encore prendre de l’argent dans la caisse de l’Etat pour fêter ce bilan, pour moi c’est se moquer des Guinéens. Je suis contre ça et il paraît que ceux qui sont malheureusement décédés au cours de l’assaut à la présidence…, il paraît qu’il y a des familles qui n’ont pas retrouvé leurs enfants, c’est des choses qu’on ne peut pas continuer à cacher. L’histoire retiendra toujours que ces faits existent. Il est collé à la peau de ceux qui étaient venus-là pour déloger Alpha Condé.
Entretien de Sâa Robert Koundouno
(+224) 620-546-653

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