Fête du 25 mai, journée de l’Afrique : « un jeune qui ne conteste pas est un jeune amorphe à l’avenir compliqué » (Morissanda)

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La République de Guinée, à travers le Ministère des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et des Guinéens Établis à l’Étranger, a célébré le jeudi, 25 mai dernier pour la énième fois la date marquant la création de l’Union Africaine (UA) appelée encore « Journée de l’Afrique ».
C’était en présence de plusieurs ambassadeurs africains et internationaux accrédités en Guinée et des ressortissants de plusieurs pays africains, fortement mobilisés à la résidence Kakimbo, dans la  commune de Ratoma, en haute banlieue de Conakry.
Après les mots de bienvenue du ministre Dr Morissanda Kouyaté, la cérémonie s’est poursuivie par la présentation des panels dont le premier thème a porté sur l’agenda 2063 et le Plan de Référence Intérimaire (PRI) par Dr Diallo Hassan, Directeur Général du Plan et Perspective et la présentation du second thème sur les defis et perspectives de la mise en œuvre de la zone de libre échange continental africain (ZLECAF),  par M. Mamadou Daf Baldé qui seront suivis par des phases questions-réponses.
Dr Morissanda Kouyaté a pour commencer demandé à tous les pays africains de rester soudés pour faire face à l’essentiel. « L’essentiel, ce sont les menaces qui nous guettent aujourd’hui, les catastrophes naturelles dues à la destruction du climat par le comportement humain, le terrorisme dans toutes ses composantes, dans toutes ses versions, la pauvreté et surtout l’inégalité,  l’injustice au plan international. Il n’est point nécessaire de rappeler les conditions dans lesquelles notre organisation panafricaine a été créée.  Le point le plus important c’est que, cette organisation est née à partir de deux tendances, de deux idéologies et deux conceptions de l’Afrique: une première conception qui voulait et qui veut toujours une Afrique unie, fédérale avec ses institutions gouvernementales. Et une autre vision qui voulait d’une Afrique avec des nationalités différentes, des intérêts différents mais qui s’entendraient sur l’essentiel. Tout le monde sait où est la vérité mais en matière de politique et diplomatie internationale, il ne saurait y avoir de vérité unique.  C’est pourquoi l’Union africaine est née de la synthèse de ces deux visions du monde. Donc c’est une organisation hybride qui tend aujourd’hui vers son intégration totale. La question ne sera pas tranchée tout de suite, mais nous devons travailler ensemble à travers des éléments importants notamment économiques comme la ZLECAF,  que nous avons créés en tant qu’Africain qui va voir du mal à se mettre en marche du fait toujours de ces deux conceptions.  Puisque, autant nous nous plaignons des pays amis,  en disant que souvent il est difficile pour eux d’octroyer des visas à des Africains pour l’Europe, Amérique, Asie, autant il y a des difficultés entre pays africains »
Plus loin, le chef de la diplomatie guinéenne a déploré le rejet des Africains dans certains pays africains. « Nous avons vu des rejets, des agressions des citoyens de certains pays africains par d’autres africains. Donc avant de porter la critique ailleurs,  nous devons d’abord regarder et balayer devant notre porte africaine. C’est ensemble que nous pouvons travailler et décrocher ce que nous voulons », a-t-il dénoncé.
À l’en croire, l’ambition et la volonté recherchées aujourd’hui c’est de voir l’Afrique au niveau des grandes instances-là où se décide la vie de l’humanité et imposer l’unité de l’Afrique parce que c’est l’objectif de la création de l’Union Africaine.
« Ce que nous voulons, c’est la place de l’Afrique dans le monde, sa juste place, sa juste valeur. Depuis 10 ans, les Nations unies se battent à l’interne comme à l’externe devant une restructuration qui n’arrivera peut-etre jamais, puisqu’elle reste conditionnée à l’acceptation de ce que le monde propose par quelques pays. C’est vrai que nous allons aux Assemblées générales, nous partons dans les instances internationales, mais l’Afrique, ce n’est pas seulement qu’elle soit faiblement représentée, mais c’est qu’elle n’est pas représentée. Là où se décide la vie de l’humanité, au conseil de sécurité,  nous n’y sommes pas. Un milliard et demi de jeunes, de femmes, d’hommes…, absents de la représentation faîtière des Nations unies. Mais c’est peut-être du fait que nous ne venons pas ensemble pour parler d’une voix face au monde. Et les pays africains se divisent eux-mêmes en pro. « Pro tel, pro tel,… » Nous n’arrivons pas à parler d’une seule voix.  Avant de commencer à réclamer nos droits et devoirs à l’international,  nous devons d’abord imposer notre unité, puisque l’OUA a été créée pour cela ».
Par ailleurs, le patron de la diplomatie guinéenne de rappeler ceci: « Aujourd’hui, l’Afrique est sous la direction de jeunes dirigeants. Certains ont été élus, certains comme ici en Guinée, ont pris le pouvoir pour redresser une situation malveillante. Ces jeunes leaders africains sont décidés à travailler d’abord à l’interne pour traduire en action concrète la vision de nos pères fondateurs.  Ça ne sera pas facile.  Puisque nous devons le faire en défendant nos intérêts mais en ne minimisant pas les intérêts d’autrui,  puisque défendre ne doit pas se faire aux dépens des autres. En Guinée, nous pouvons nous défendre dans le monde en expliquant aux autres ce que nous représentons sur l’échiquier économique, politique, diplomatique
mondial. Se faire voir, montrer ce dont on est capable, montrer ce que l’on est, c’est déjà une partie de la bataille gagnée. Je voulais profiter de cette journée pour lancer un appel au nom du colonel Mamadi Doumbouya à tous les dirigeants africains,  pour que nous puissions faire une rétrospective des soixante années passées, pour que l’on se départisse de nos egos, que l’on sorte derrière d’autres pays pour se prendre en charge en tant qu’Africain, dans le respect de la communauté internationale. Ceci est possible ».
Poursuivant son speech devant les diplomates présents dans la salle, Dr Morissanda Kouyaté a invité la jeunesse africaine à prendre ses responsabilités et à renoncer à l’exil.
« La jeunesse doit prendre ses responsabilités. Prendre ses responsabilités, ce n’est pas agresser les anciens. Prendre ses responsabilités, ce n’est pas insulter les autres dans le monde, ce n’est pas emprunter les bateaux clandestinement pour aller envahir les autres. Prendre ses responsabilités,  c’est travailler dans son pays, proposer ce que l’on peut faire pour son pays, pour l’Afrique et pour le reste du monde. C’est cela une jeunesse responsable. Nous ne devons pas nous tromper dans l’essence de la jeunesse. L’essence de la jeunesse c’est la contestation. Ceci n’est pas condamnable en soi. Un jeune qui ne conteste pas est un jeune amorphe à l’avenir compliqué. Mais il faut que, dans un encadrement cette jeunesse prenne le pouvoir d’aider son pays, le pouvoir de discuter,  de dénoncer la corruption, les divisions communautaires »
Pour revenir sur le cas spécifique de la République de Guinée, Dr Morissanda Kouyaté croit savoir que c’est possible d’inverser la tendance. « La Guinée est sûre que malgré toutes les barrières qui sont érigées au plan national, sous-régional, régional, international, l’Afrique à travers sa jeunesse responsable finira par se frayer son chemin, par exister, se faire imposer par sa valeur politique, économique, diplomatique et surtout sa valeur humaine ».
Mamadou Yaya Barry 

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