En Guinée, les résultats issus de l’évaluation des partis politiques ont été dévoilés hier mardi, lors d’une rencontre cruciale tenue au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Cette publication, suscite jusque-là des débats au sein des acteurs de la société civile guinéenne.
Abdoul Sacko, fervent défenseur de l’engagement citoyen et coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée y voit un potentiel renouveau, mais met en lumière des lacunes importantes par le fait d’un manque de légitimité et un contexte de gouvernance problématique.
« Cette évaluation me semble être un bon jalon pour l’auto-renforcement des formations politiques », déclare-t-il. Cependant, il tempère cette opinion en soulignant que le processus est entaché par des pratiques des autorités en place, qui ont accédé au pouvoir en dehors des normes démocratiques.
« Malheureusement, elle est portée par des autorités qui ne donnent pas un bon exemple en matière de respect des lois », ajoute-t-il.
Dans ce rapport final de 915 pages, le département dirigé par le Général Ibrahima Kalil Condé, a annoncé la dissolution de 53 partis politiques guinéens, la suspension de 54 pour agrément non valide et la mise sous observation pour trois mois de 67 autres dont l’UFDG ou encore le RPG Arc-en-ciel.
Après cette communication du pouvoir de Conakry, Abdoul Sacko a souligné les mérites de l’approche, notamment le principe de suspension ou d’observation accordé aux partis évalués, qui pourrait favoriser un climat de confiance. Néanmoins, il avertit que cette gouvernance fondée sur la force pourrait favoriser des dynamiques de répression au détriment du dialogue inclusif.
L’activiste appelle également chaque Guinéen à une introspection nécessaire pour garantir une stabilité politique. Il pose des questions cruciales : « Comment suis-je à cette responsabilité publique ? Quelle est la motivation pour l’intérêt supérieur de la nation derrière mes actes ? Ceux qui m’écoutent ou qui m’observent avec lesquels j’ai eu à faire par le passé au compte de la République ou à n’importe quelle autre circonstance, ont-ils confiance en moi? Donnent-ils du crédit à ce que je dis ou fais au nom du changement et du progrès dans le pays ? » Invitant à une responsabilité collective pour l’avenir du pays.
Sacko a également abordé la question délicate de l’ethnie dans les partis politiques. Selon lui, éviter l’ethnocentrisme est essentiel pour promouvoir une politique inclusive. Toutefois, il met en garde contre les dangers d’un équilibrisme ethnique qui pourrait engendrer des conflits internes, soulignant que : « la compétence, l’engagement citoyen et l’intégrité doivent primer dans les choix des dirigeants ».
Plus loin, Abdoul Sacko a appelé à une réflexion sereine autour de l’ethno-stratégie, tout en plaidant pour un processus de changement pédagogique et structuré, plutôt qu’imposé par la force. Pour lui, le chemin vers une gouvernance éthique et responsable est semé d’embûches, mais il reste essentiel pour l’avenir de la Guinée.
Sâa Robert Koundouno
(+224) 620-546-653